Ne jamais se fier aux apparences ! Un apporteur d’affaires de Monaco devait comparaître devant le tribunal correctionnel. La justice lui reproche l’émission de trois chèques de 7.000 euros sans provision à la suite d’une plainte déposée par la victime le 11 mars 2020.
Absent à l’audience, aucun commentaire complémentaire du prévenu vient éclairer son comportement. Mais l’affaire évoquée dans le détail par le président Jérôme Fougeras Lavergnolle offre une démonstration certaine d’un imbroglio suffisamment rocambolesque "à l’italienne".
Au départ, il s’agit du partage d’un héritage entre frère et sœurs.
Comme il est plus simple de répartir de l’argent au sein de la fratrie plutôt que de débiter en morceaux des lingots d’or, le frère transalpin s’informe dans l’entourage de l’Institut de gemmologie d’un potentiel acheteur.
L’échange se fait
dans une villa toscane
Un ami banquier le met en rapport avec un intermédiaire italien qui fait miroiter une possible vente de la valeur refuge par excellence à 67 775 euros. Intéressant : un tarif bien supérieur au cours du métal jaune à l’époque. L’entente est accompagnée de largesse : une commission de 10 %.
Par l’entremise de l’apporteur d’affaires, une rencontre est prévue avec un acheteur intéressé dans une villa près de Florence (Italie).
Au jour de la transaction, en novembre 2019, l’acquéreur, plutôt méfiant, veut s’assurer des poids et titres des lingots en proposant de les faire expertiser. En échange, il remet une valise remplie de billets au vendeur, plutôt confiant. "A son tour, relate le magistrat, ce dernier fait évaluer le contenu de la valise. Amère surprise ! Ce sont des liasses de fausses coupures, dont le seul premier billet est authentique. A ce jour, personne n’a l’idée où se trouve l’or."
C’était toutefois un « rip deal » - transaction pourrie en français - bien préparé dans un lieu discret de la campagne toscane.
Le plaignant, à l’audience, écarte toute volonté frauduleuse de son ami banquier. "Il nous a permis de nous rencontrer avec l’intermédiaire et je ne le crois pas impliqué dans cette infraction. Concernant le courtier, je lui ai fait confiance, parce qu’il était résident monégasque à l’époque."
Me Grégoire Gamerdinger, conseil du plaignant, veut faire "abstraction de ce scénario. Notez la démarche du prévenu : il s’est senti responsable de cette affaire de tromperie. Il a signé à mon client une reconnaissance de dette de 67 775 euros, dont le versement en treize mensualités avait été consenti."
Des chèques sans provision
Or, les trois premiers chèques, d’un montant de 7.000 euros chacun, ont été rejetés. "Détenteur du compte, en conclut l’avocat, le titulaire était logiquement au courant de l’absence de provision. Nous sollicitons le paiement de la somme de 21 000 euros. Le reste de la créance fera l’objet d’une procédure en matière civile."
Par de brèves réquisitions et la sollicitation de deux mois d’emprisonnement ferme avec liberté d’épreuve, le substitut Emmanuelle Carniello a démontré son agacement de l’absence du prévenu à la barre. Le tribunal a suivi le ministère public avec une condamnation par défaut à deux mois de prison ferme et l’obligation d’indemniser la victime de la totalité des 21.000 euros plus l’euro symbolique.
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