Ils avaient truqué des enchères et raflé 300.000 euros, deux escrocs condamnés

Les deux prévenus ont été condamnés à dix-huit mois et un an avec sursis pour avoir escroqué une riche octogénaire lors de la vente d’une sculpture surévaluée et payée par anticipation.

Jean-Marie Fiorucci Publié le 07/01/2022 à 10:15, mis à jour le 07/01/2022 à 10:35
Les deux prévenus ont été condamnés à 18 mois et un an avec sursis pour avoir escroqué une riche octogénaire. Photo DR

Nous relations récemment une affaire de vente aux enchères, supposée truquée, à l’hôtel Bristol à Paris, le 27 mai 2014. Une œuvre d’art, estimée à 70.000 euros, en avait rapporté 255.000 à deux personnages peu scrupuleux.

L’instigateur, un marchand d’art, et son comparse, soupçonnés respectivement d’escroquerie et d’abus de confiance, avaient réfuté toute malversation devant le tribunal correctionnel.

À l’époque, les deux compères avaient fait miroiter l’intérêt de l’opération à une amatrice d’art fortunée de Monaco, âgée de 85 ans. Il s’agissait de préempter une statue en bronze du sculpteur José Maria David, dont ils étaient copropriétaires. Pour emporter l’encan, l’octogénaire avait viré le montant adjugé, étrangement deux jours avant le coup de marteau, auprès d’un commissaire-priseur.

Des comptes au Luxembourg et à Hong Kong

Consciente d’avoir été abusée, cette dame dénonçait les faits à la Sûreté publique. À l’audience, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle s’était étonné de cette concordance fortuite de la somme au centime près, le jour des enchères. Méfiant, le magistrat subodorait un montage pour atteindre le prix fixé d’avance afin de masquer l’escroquerie! Car deux autres œuvres du même artiste n’avaient pas trouvé preneur.

Plus douteux encore, le montant adjugé était réparti sur des comptes offshore ouverts au Luxembourg et à Hong Kong. Les deux prévenus niaient toujours avec persistance la moindre implication dans l’affaire, sans cesser de se contredire et s’accuser mutuellement. Jusqu’à tergiverser pour reconnaître enfin des "commissions méritées". Et charger le commissaire-priseur de tous les maux, mais absent aux débats.

Pour la partie civile, Me Thomas Brezzo, soupçonnaient les deux larrons de mentir afin de se partager le butin et il estimait le commissaire-priseur complice: il avait touché 90.000 euros. "Ce n’est pas un duo, mais un trio qui devrait être devant vous, clamait-il. Faites payer la somme de 363.000 euros."

Le procureur général adjoint Olivier Zamphiroff considérait qu’il y avait suffisamment d’éléments au dossier pour confondre ces personnes troubles qui ont abusé d’une dame née en 1936.

18 mois et un an avec sursis

Puis, il s’interrogeait sur les curieuses méthodes du fameux commissaire-priseur afin d’arrêter la vente à la somme prévue de 320.000 euros. Il était requis douze mois de prison, dont quatre avec sursis et la liberté d’épreuve pour l’un, et huit mois, complètement assortis de la liberté d’épreuve pour l’autre, avec obligation d’indemniser la victime.

La défense réagissait en enfonçant l’officier ministériel. Car ce personnage semblait s’accommoder pour fixer le prix consenti, frais compris, le jour de la vente. Sans interlocuteur au téléphone, il pouvait en effet s’arrêter quand la somme lui convenait…

Les deux avocats réfutaient toutes acrobaties financières sur des comptes à l’étranger! En quelque sorte, il n’y avait pas assez d’éléments pour rentrer en voie de condamnation.

Le jour du délibéré, ce n’était pas la conception du tribunal. Les deux prévenus ont été condamnés respectivement à dix-huit mois et un an avec sursis et 5.000 euros d’amende chacun. Puis payer solidairement la somme de 299.000 euros, tous préjudices confondus.

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