Ils avaient organisé l’insolvabilité de leur société de yachting

Le dossier de la SAM "Monaco Yachting & Technologies" (Seaborne Yachting) est revenu sur la table du tribunal correctionnel. Cette fois, la procédure concernait les deux dirigeants (de fait et de droit) qui devaient comparaître à l’audience pour la non-approbation des comptes et l’absence de documents comptables.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 09/07/2018 à 08:10, mis à jour le 09/07/2018 à 08:34
«Lors des précédentes auditions, ce Monsieur parlait français… Puis, c’est facile de se présenter comme l’ami afin d’arranger les choses», s’est emporté le premier substitut à l’égard de l’administrateur d’une société de conception de bateaux de luxe. Photo d'illustration Michael Alesi

Cette procédure illustre bien la suite logique de la déconfiture de la société monégasque, spécialisée dans les conceptions, réalisation et commerce de bateaux de plaisance de luxe, empêtrée dans de graves difficultés financières.

D’ailleurs, la cessation des paiements, pour un montant de 8.062.017 euros avait été constatée dès le 8 juin 2017. Toutefois, frappée d’appel, la décision n’est pas encore définitive.

>>RELIRE. Une société monégasque de yachting condamnée à une lourde amende pour abus de confiance

"Il est encore plus approximatif…"

À l’audience, le véritable gérant (de fait), un Allemand de 56 ans, s’est dérobé. Comme à chaque fois, il joue l’Arlésienne… Seul le second administrateur, allemand également, est à la barre.

Quand le président Florestan Bellinzona l’interroge, le prévenu ne sait pas grand-chose sur le passif de la SAM. C’est l’homme de paille parfait… On sent qu’il assume de manière purement fictive les fonctions de directeur de la société. Sa présence apparaîtrait-elle pour "masquer" essentiellement le lourd contentieux? 

Afin de peaufiner l’incompréhension, ce personnage aux arguments simplistes a même recours à une interprète pour s’exprimer dans la langue de Molière…

Ses silences ou substitutions dépriment et agacent le premier substitut Olivier Zamphiroff. Jusqu’à le faire bondir… "Pourtant, lors de précédentes auditions, ce Monsieur parlait français… Puis, c’est facile de se présenter comme l’ami afin d’arranger les choses. Il est encore plus approximatif quand il n’est plus en capacité de payer les factures. Pourquoi constater les cessations de paiement? Pourquoi regarder les comptes? Pourquoi réunir l’assemblée générale? Tout cela lui paraît bien inutile…"

"Mon client a envie de tourner la page"

Le ton monte et la voix devient menaçante car la gérance de paille ne constitue pas une circonstance atténuante pour le représentant du parquet général: "Vous les allez les condamner sans distinction pour avoir organisé cette insolvabilité: 2.000 euros d’amende et une contravention à 75 euros pour chacun."

De son côté, Me Julien Brosson, du Barreau de Grasse, va surtout apporter de la compréhension dans sa plaidoirie en mettant en exergue les sommes liées aux difficultés de la SAM. "Au niveau du litige commercial, on est sur un montant de 1.867.000 euros. Le passif déclaré se situe aux alentours de 30 millions d’euros. Comment est-ce possible d’obtenir les rapports de l’expert-comptable et du commissaire aux comptes quand il leur est dû respectivement 103.000 euros et 23.000 euros? Comment le syndic pourrait faire la réunion d’approbation des comptes, alors qu’ils n’ont jamais été arrêtés et aucun document n’a été établi? Mon client a tout entrepris pour régulariser ce qui ne l’est pas! Il ne se défausse pas. Il a envie de tourner la page…"

Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public.

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