Comment dégoter un siège d’enfant sur un scooter sans se faire repérer ? Cette pensée d’une saugrenuité confuse devait être en apparence un coup fumeux pour s’approprier l’objet à moindres frais. Mais « l’embrouille » a tourné autrement et l’auteur du vol s’est retrouvé devant le tribunal correctionnel. À la barre, le prévenu essaie de convaincre sur sa véritable intention…
Les faits ont lieu le 27 juillet dernier. Une jeune femme dépose plainte à la Sûreté publique. Son siège pour enfant, posé sur son deux-roues stationné dans la rue des Giroflées, quartier Saint-Roman, a disparu.
Aussitôt, les enquêteurs visionnent les enregistrements de vidéosurveillance correspondant à la tranche horaire. Ils aperçoivent, une personne qui rôde autour du scooter. Il est 1 h 40. Très vite identifié, le personnage indélicat est convoqué…
« Sur la vidéo, on ne vous voit pas mettre un mot »
À l’audience, ce Tunisien de 43 ans ne conteste pas les faits. Mais il nuance son comportement. « Je passais par-là et j’ai remarqué ce siège mal attaché. Comme je pensais connaître le propriétaire, je l’ai emporté avec moi afin qu’il ne disparaisse pas. J’ai même laissé un mot… Puis j’ai cherché dans le quartier à qui le petit fauteuil pouvait appartenir. Sans oublier de mettre une affiche pour informer de ma démarche… »
Le président Jérôme Fougeras Lavergnolle est dubitatif. Il ne cache pas son incompréhension. « Sur la vidéo, on ne vous voit pas mettre un mot ! Autre paradoxe : après avoir restitué le siège, vous insistez auprès de la victime afin qu’elle retire sa plainte. Vous la harcelez carrément en sonnant une dizaine de fois à sa porte… Au bout de quelques jours, quand vous aviez compris votre erreur sur l’appartenance du siège, pourquoi n’êtes-vous pas allé à la police pour le remettre ? »
« Il a conscience de ne pas restituer le siège pour enfant »
Le chauffeur professionnel chercherait-il à dénier les faits les plus évidents ? « Je n’ai jamais eu l’intention de commettre un vol… » Certes, le prévenu n’a jamais été condamné. Mais pour le premier substitut Olivier Zamphiroff « les éléments présentés caractérisent le délit, malgré l’interprétation qui en est faite. Il a conscience de ne pas restituer le siège pour enfant. Pourquoi nier la soustraction frauduleuse ? Vous prononcerez une peine d’amende de 500 euros. »
La défense réfute la matérialisation d’une intention malveillante et la présentation d’un homme de mauvaise foi. « Écoutez les explications de mon client, lance Me Arnaud Cheynut. Il assume ce qu’il a fait. Il croyait bien faire ! Si son comportement est maladroit, c’est parce qu’il ne s’est jamais fait remarquer. Il veut également expliquer son geste à la victime. Il n’y a aucune conséquence. C’est un simple égarement. Prononcez une peine avec sursis. » Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public.
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