Le mode opératoire relève plutôt de la farce enfantine que de la technique de prestidigitation. Banalement, le plaignant vient passer la soirée dans l’établissement de jeu. Il pose son maroquin à côté de lui et se met à miser.
La chance va tourner quand le portefeuille disparaît… Les services de sécurité, alertés, remontent jusqu’à la scène intéressante en visionnant les images de vidéosurveillance. On voit le cuisinier venir aux côtés de sa victime pressentie.
Il pose le coude sur l’accessoire en cuir, le ramène jusqu’à pouvoir le saisir discrètement de son autre main. Puis il repart. Ni vu ni connu? Les caméras de la ville capteront à leur tour la progression du voleur.
Jusqu’à fournir le précieux indice: la jardinière où le voleur s’est débarrassé de l’objet du délit avec son contenu. Non sans avoir soutiré auparavant quelque 3.000€ en numéraire, plus l’équivalent de 700€ en livres sterling.
"Même bourré je suis formel sur le montant"
L’imprudent, filmé, catalogué, fiché et mémorisé, retourne dix jours plus tard au casino. Les physionomistes le repèrent aussitôt et les agents de sécurité l’interpellent.
"Qu’avez-vous fait de l’argent?", demande le président Florestan Bellinzona. Aussitôt, le prévenu oppose ses arguments à ceux avancés par l’adversaire, absent à l’audience.
"Il y avait seulement 700€, je vous le jure, réplique-t-il. Même un peu bourré, je suis formel sur le montant. De tels agissements ne sont pas habituels. Je ne comprends pas mon geste. Je me suis mis dans de sacrés problèmes. J’ai honte de mon comportement. Peut-être à cause de l’alcool, je n’ai pas mesuré la portée de mon erreur. Je regrette…"
Un vol d'opportunité
Réaction pertinente du magistrat: "Avez-vous rendu l’argent à la victime?" La réponse sera négative car le coupable n’a "jamais eu l’occasion de rencontrer cette personne". Il s’agit d’un vol d’opportunité pour le procureur Alexia Brianti.
"Mais les remords du prévenu auraient été plus plausibles s’il avait remis l’argent entre-temps au plaignant. Ou du moins venir à cette audience avec le montant de la somme dérobée. Il a préféré tout dépenser pour ses loisirs. La partie adverse n’a aucune raison de mentir. J’ai tendance à croire à sa version. Inutile de prendre l’excuse de l’alcool pour justifier ce comportement. En l’absence d’antécédents, prononcez une peine de huit jours avec sursis et une amende de 500 € à 700 € serait opportune."
Il fallait s’attendre à la réaction de la défense. "Mon client n’est pas là pour tout mettre sur le dos de l’alcool, affirme Me Sonia Lazaar, du barreau de Nice. Mais s’il a commis l’irréparable, la boisson l’a aidé. Il y a aussi la repentance. Il est retourné sur les lieux de son forfait et il a tout de suite coopéré. Je suis étonné par l’absence de la victime, ne lui donnez pas autant de crédit. À 25 ans, le prévenu a l’air d’un adolescent et cette infraction n’est pas à rapprocher de la délinquance. Aujourd’hui, il est venu pour répondre de ses actes. J’ai foi en votre sagesse."
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