Il se fait casser le nez à Monaco mais ne demande aucune réparation en justice

À la suite d'une altercation musclée après une soirée bien arrosée et au motif obscur, un Britannique a été condamné pour avoir cassé le nez d'un Italien... qui n'a demandé aucune réparation

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 31/10/2018 à 08:44, mis à jour le 31/10/2018 à 10:39
Tout serait parti d'une discussion autour du football. Photo archives Patrick Clémente

La justice monégasque ne plaisante pas avec la violence. En témoigne cette altercation musclée évoquée devant le tribunal correctionnel.

Un ressortissant britannique, résident en Principauté, a comparu pour avoir cogné, le 10 février dernier, sans véritable raison apparente, un jeune Italien au cours d’une soirée arrosée.

Le fautif, gérant de société, a été condamné à 3.000 euros d’amende. Quant au plaignant, malgré son nez cassé et six jours d’ITT, il n’a réclamé aucune somme d’argent.

Cela peut paraître étrange de ne pas solliciter la moindre compensation financière, en échange du préjudice subi! D’ailleurs, pendant toute la durée des débats, prévenu et victime s’exprimeront de manière sibylline sur les raisons et conséquences du différend. Jusqu’à s’épauler mutuellement!

"Ce provocateur
m’a fait une béquille"

Les magistrats ne manqueront pas de souligner cette particularité singulière au cours de la phase d’instruction et des réquisitions.

D’autant que la victime assure au président Florestan Bellinzona "n’avoir jamais adressé la parole ni provoqué son adversaire". "Alors quelle est la cause du coup de poing?", essaie de déterminer précisément le magistrat.

"Je pense que ce quinquagénaire, avance le plaignant, a perçu ma conversation avec son ami comme une dispute. Rien d’agressif cependant: notre bavardage portait simplement sur la manière de jouer au football… À un moment, ce provocateur m’a fait une béquille. J’ai été déséquilibré et prêt à me défendre. Peut-être a-t-il pris mon geste pour une envie d’en découdre…"

Le prévenu n’est pas très éloquent. Il prétend que tout s’est passé rapidement. "Quand cet Italien s’est retourné avec ses poings sur la défensive, je me suis senti menacé et je l’ai frappé. Cela ne m’arrive jamais…" 

"C’est un acte gratuit"

Dans ses réquisitions, le premier substitut, Olivier Zamphiroff, doute de la vérité des énonciations. "J’ai le sentiment d’être l’invité que l’on n’a pas convié à cette réunion! On n’arrive pas à comprendre les méandres des antagonistes. Surtout quand la partie civile nous parle “des vertus du dialogue qui ont permis de mieux nous comprendre”. C’est un acte gratuit où on essaie d’amortir les responsabilités et les conséquences. Dans ce genre de dossier, vous condamnerez le prévenu à de la prison avec sursis avec un quantum approprié."

C’est une simple histoire de point de vue sur la manière de jouer au ballon rond, avec le langage exubérant des Transalpins, plaide la défense.
"Aujourd’hui, ils se voient régulièrement"

"L’alcoolémie de mon client, avec un taux de 0,45 mg/l, n’a rien de considérable, estime Me Thomas Brezzo. Son geste correspond à une réaction de défense qu’il n’explique pas. Pourtant, s’il a cassé le nez de la victime, il n’avait aucune volonté de lui faire du mal. Il s’agit d’un problème de perception… D’une différence de point de vue de ces personnes. Aujourd’hui, elles se voient régulièrement et le prévenu a indemnisé le plaignant du préjudice subi. N’allez pas plus loin qu’une amende."

Le tribunal s’en tiendra à une somme de 3.000 euros. La citation de Victor Hugo, "Ami est quelquefois un mot vide de sens, ennemi, jamais", mentionnée dans son recueil de poèmes posthumes Océan, avait tout son sens dans ce dossier…

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