Le prévenu, venu à la barre pour s’expliquer sur les deux coups de poing donnés au visage d’un camarade de chantier, présenterait-il des troubles du syndrome d’Asperger? Son comportement asocial, son incapacité d’empathie et son inconstance exagérée relevés dans ses propos ont conduit les magistrats du tribunal correctionnel à un flot de remarques acerbes.
Le 1er juillet dernier, ce Mentonnais de 35 ans, impulsif, borné et animé par un désir de vengeance, n’a pas supporté qu’un collègue de travail lui coupe l’eau à l’heure du décrassage.
"Alors, vous le frappez sans ménagement, s’indigne la présidente Françoise Barbier-Chassaing (assesseurs: Morgan Raymond et Virginie Hoflack, N.D.L.R.). Jusqu’à lui occasionner cinq jours d’ITT pour une mésentente que vous ne supportez pas. Vous êtes un personnage borderline, sans casier judiciaire à Monaco mais avec une mention en France. Pourquoi menacer la victime à plusieurs reprises et lui fendre l’arcade sourcilière sur le parking? Pourquoi ces coups de poing dans sa voiture?"
"Il me cherchait"
"Il m’énervait, répond l’intéressé. Il me cherchait. Il s’est penché vers la portière et les coups sont partis…"
"Vous avez l’habitude de consommer des stupéfiants, adjoint aussitôt la procureure Alexia Brianti. N’y a-t-il pas un rapport?" Haussement d’épaules…
La partie civile enchaîne: "Monsieur n’a aucune prise de conscience de ses actes, lâche Me Oifa Youssef, du barreau de Nice. Aucune excuse! Il a été licencié pour son attitude. Cela ne l’a pas empêché de retourner dans la société pour menacer mon client de lui rouler dessus. Il y a là un retentissement psychologique important. Je demande réparation: 3.000 euros pour les souffrances plus 2.000 euros pour les dommages."
"Pas un fou"
Le contexte professionnel et les relations tendues entre la victime et le prévenu ne manquent pas d’être rappelés par la représentante du parquet général.
"Les conséquences sont angoissantes et cet homme démontre un état d’esprit avec des revendications de violences. Demain, à Menton, nous n’aurons aucune garantie qu’il ne recommencera pas. Pour le faire réfléchir, deux mois assortis du sursis."
En défense, Me Éric Adad, du barreau de Nice, évoque un contentieux. "Il a suffi d’un événement anodin. La victime savait que mon client était susceptible et ses réactions imprévisibles. Ne le prenez pas pour un fou. Il a des difficultés et le plaignant devait rester à l’écart. Finalement, c’est un fait isolé qui porte sur une accumulation de désordres. Réduisez les montants réclamés…"
Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public: deux mois de prison avec sursis.
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