Il incommode son voisin en fumant plusieurs joints par jour et termine au tribunal à Monaco

Un fils de bonne famille, issu d’un milieu aisé et plutôt oisif, indisposait les locataires de l’immeuble domanial de l’Herculis par la fumée provenant de sa consommation excessive de cannabis.

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Jean-Marie FIORUCCI Publié le 13/03/2023 à 10:00, mis à jour le 13/03/2023 à 09:39
L’accusé dérangeait ses voisins à cause de l’odeur de sa consommation de cannabis. Photo d'illustration S. B.

Cannabis à tous les étages? Un Monégasque, coupable de s’adonner à la culture de ces plantes aux propriétés psychotropes dans son F3 de l’Herculis, avait déjà écopé de six mois d’emprisonnement avec sursis. Quatre-vingt-dix jours plus tard, un compatriote, domicilié sur un autre niveau du même immeuble domanial du quartier des Moneghetti, a été condamné à dix mois avec sursis par le tribunal correctionnel pour consommation excessive de marijuana.

Si l’odeur liée à la consommation du chanvre n’est pas vraiment reconnue pour avoir une activité réellement nocive sur la santé des personnes de l’entourage, le contact direct avec ce genre de fragrances, assez désagréables à respirer, avait indisposé un locataire. Il s’était plaint, dans un contexte de cohabitation, d’un relent surabondant de cannabis dans les parties communes avec une incidence sur sa qualité de vie. Ces inconvénients et sentiment d’insécurité dénoncés ont conduit ce jeune négociateur immobilier à la barre.

"Je ne m’en rendais pas compte"

Le président Jérôme Fougeras Lavergnolle, dont il est hors de question de banaliser la plus petite infraction sur les stupéfiants, jette un regard répressif sur le prévenu. "Votre logement perquisitionné, les policiers ont trouvé quantité de drogue, des ustensiles adaptés, de l’argent, trois ou quatre Rolex, plus une Maserati dans le parking. Cela ne correspond pas à votre salaire annoncé de 1.000 euros mensuels. Vous évoquez une escroquerie à Roquebrune-Cap-Martin où vous avez été dépossédé de quelque 180.000 euros de bijoux. Expliquez-vous!"

Le négociateur immobilier a reconnu qu’il a mal vécu cette extorsion qui aurait déclenché véritablement son addiction. "Je ne m’en rendais pas trop compte au fil des années. Il était difficile de m’en passer avec une cadence de trois à quatre joints par jour. Soit 90 grammes d’apport en THC par mois. Ou encore une quantité annuelle de 500 à 600 grammes d’herbe. J’achetais la drogue au cours de mes voyages au Sénégal, en Espagne, aux Pays-Bas. Ou bien j’allais sur des sites spécialisés et je me faisais livrer par la Poste…"

Le magistrat demeure dubitatif sur le potentiel de financement du toxicomane de son train de vie et des conséquences de sa forte consommation de cannabis.

"Mes parents me versent 800 euros par semaine pour compléter mes revenus, déclare banalement le jeune homme.

- Pourquoi avoir déchiré un post-it à l’arrivée des policiers?

- C’était ma commande en cours.

- Vous rendiez-vous compte que vous conduisiez sous l’empire des stupéfiants?

- J’étais très prudent quand je prenais la voiture.

- Et aujourd’hui, où en êtes-vous? Vous n’avez jamais été condamné, mais vous êtes visé par les articles 2 et 5: trafic et usage personnel.

- J’ai une vie sociale normale avec beaucoup d’amis. Je vous rassure: j’ai tout arrêté depuis ma mise en garde à vue."

"Purement médical"

Si rien n’est contesté, a remarqué le parquet, dans cette panoplie de produits stupéfiants, il est désagréable de jouer sur les mots. "Or, les faits poursuivis concernent le transport, la cession et la détention, s’égosille le substitut Emmanuelle Carniello, d’une drogue qui venait essentiellement d’Espagne et du Canada. Alors, on vous fait un agglomérat sur la distinction des textes français et monégasques. A en déduire d’après ces propos, ce personnage a consommé effectivement sur trois ans 1,5 kg de cannabis et dépensé 45.000 euros. Prenez en compte l’importance des produits saisis au domicile."

Il est requis par la parquetière une condamnation à dix mois assortis d’une liberté d’épreuve pendant deux ans et la confiscation de l’ensemble des stupéfiants, les téléphones, la balance et le couteau. Sans transition, la voix distinctive de Me Gaston Carrasco résonne dans la salle: "Mon client est une personne malade. Oui, il ne gagne que 1.000 euros par mois. Mais ses parents sont richissimes! Alors, béni soit les policiers quand ils ont frappé à sa porte. Ils ont produit un électrochoc et mis fin à sa consommation de stupéfiants. Aujourd’hui, il faut l’aider, le soigner!"

Et de poursuivre, remonté pour défendre l’accusé: "Une Maserati, six téléphones, des Rolex… Que reste-t-il? Rien ne démontre que c’est un trafiquant. C’était pour son usage personnel et la substance venait d’Espagne. Quelle différence avec son copain qui se fournit à Nice? La Relaxe!" 

Avant d’entendre la sentence du tribunal qui a suivi les réquisitions du ministère public, le trentenaire monégasque a tenu à préciser qu’il était "encore dans un état dépressif et que le cannabis dans son cas était purement médical".

Finalement, le constat est évident et reconnu: répression et législation auront été la solution la plus efficace par rapport aux méthodes psychologiques prônées, pour sortir le toxicomane de ce cercle infernal.

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