Que de larmes versées à l’audience de flagrance par le prévenu, la victime, l’entourage familial.
Dans le box, menotté, apparaît un peintre en bâtiment. Un homme enclin à la jalousie, au doute, face à la beauté de sa compagne après neuf années de vie commune à Beausoleil. Jeudi 12 septembre, vers 22 h, la suspicion et l’aveuglement ont précipité ce Portugais de 31 ans dans l’horreur.
Il a giflé sa femme à toute volée, puis lui a porté des coups de pied au ventre parce qu’elle l’obligeait à lui rendre son portable.
Traumatismes, douleurs, hématomes…
"Cette dame a compris que vous aviez pris son téléphone pour scruter ses relations, communications, messages, précise le président Florestan Bellinzona (assesseurs: Carole Delorme-Le Floch et Virginie Hoflack, ndlr.)
Elle descend dans la rue, vous cherche et vous retrouve sur le territoire monégasque, entre les escaliers Malbousquet et la rue Bosio. Sur les enregistrements de vidéosurveillance vous lui courez derrière et vous lui sautez dessus. Vous l’empoignez et vous la frappez.
Outre l’appel aux policiers, c’est l’intervention d’un couple qui vous a calmé. Habituellement, votre comportement est souvent suivi de violences verbales, comme au mois de mai dernier…"
Le prévenu reconnaît les faits passés aux Moneghetti.
Le magistrat poursuit: "Le certificat médical fait état d’une ITT de deux jours. Il mentionne des traumatismes psychologiques, hématomes, douleurs buccales et abdominales…"
"Sa compagne n’est pas un objet!"
La victime témoigne à son tour, tout en protégeant son mari. "C’est vrai! Il m’a souvent menacée, sans jamais se montrer violent. Au mois de mai, j’ai eu deux côtes cassées. Mais il ne l’a pas fait exprès: c’est en se retournant rapidement qu’il m’a heurtée…"
Il y a suffisamment d’éléments à charge pour l’extension de l’incarcération du prévenu, malgré son statut de primo-délinquant.
Le premier substitut Cyrielle Colle fustige l’acte violent: "Monsieur n’a pas le droit de violer l’intimité de Madame en subtilisant son téléphone. C’est inacceptable de faire preuve d’autant de violence pour qu’elle comprenne le message.
Que s’est-il passé dans sa tête? Sa compagne n’est pas un objet. La moindre gifle est punie par la loi. Il l’a même menacée de la tuer si elle ne rentrait pas à la maison. Il faut mettre un arrêt définitif à cette forme d’agression. Une peine ferme de trois mois d’emprisonnement le fera réfléchir, avec des conséquences professionnelles inévitables."
"Laissez le droit à sa concubine de pardonner"
Me Hervé Campana, en défense, se dit "touché par cette audience. Dommage que le ministère public n’ait pas la même vision de cette émotion. Au lieu de punir, quand une femme meurt toutes les dix minutes sous les coups de son compagnon, laissez le droit à sa concubine de pardonner à son conjoint. La passion dérive quelquefois vers la violence. Mon client n’a pas su se retenir. Ne peut-on pas comprendre la grosse bêtise? Le dépassement des bornes? Malgré la gravité des faits, je vous demande l’indulgence: une peine avec sursis. Évitez qu’il perde son travail: cet ouvrier fait vivre sa famille".
Le tribunal a condamné le prévenu à quatre mois d’emprisonnement avec sursis et la liberté d’épreuve.
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