Il fait Paris-Monaco en VTC sans argent: un multirécidiviste condamné en Principauté

Un ressortissant néerlandais avait demandé à un chauffeur privé de VTC de le conduire depuis la capitale jusqu’à l’hôtel Fairmont. Il laissait une ardoise de 2.600 euros. Et pas seulement…

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 07/03/2023 à 08:08, mis à jour le 07/03/2023 à 08:09
A l’arrivée devant le Fairmont, le prévenu avait prétendu avoir la somme dans sa chambre... le chauffeur ne s’est pas porté partie civile. Photo d'illustration Cyril Dodergny

Dans son édition du 18 février dernier, Monaco-Matin avait déjà évoqué la comparution à l’audience de flagrance d’un ressortissant néerlandais. Sept jours auparavant, il s’était offert un festin à 1.189 euros au Buddha Bar sans avoir le moindre sou pour payer. Le tribunal l’avait condamné à un mois d’emprisonnement ferme. Ce personnage de 25 ans, sans profession et plutôt gonflé, vient de comparaître à nouveau devant cette même juridiction pour des faits en relation avec cette affaire de grivèlerie.

Ce 11 février 2023, il avait fait le trajet Paris-Monaco en VTC pour dîner dans l’établissement de la SBM sans régler la course évidemment, d’un montant de 2.600 euros. Audacieux!

Le chauffeur s’est plaint auprès de la Sûreté publique de ce manque à gagner. Mais il en est pour ses frais car, absent à cette audience, il n’a pu se constituer partie civile. C’est au président Florestan Bellinzona de s’étonner du comportement de cet individu qui est détenu actuellement à la maison d’arrêt pour les faits précédents.

25 ans et déjà deux condamnations en France

"Comment pouvez-vous louer une voiture conduite par un chauffeur privé au départ de la capitale française alors que vous étiez dans l’incapacité de payer? Quand il vous dépose au Fairmont, le conducteur de VTC vous réclame l’argent de la course. Vous le faites attendre. N’ayant aucun argent, vous deviez chercher la somme dans votre chambre." Et de noter: "Comme le voiturier s’impatiente, deux heures plus tard vous lui confirmez qu’un de vos amis allait venir vous apporter cet argent…"

Le prévenu avance une version différente:

- "Dès le départ j’avais averti cette personne que je n’avais aucun moyen de payer. Il pensait que je le chahutais! Les torts sont partagés. Il a même fait un scandale.

- Il faut le comprendre. Il n’a pas de patron et il travaille à son compte. Vous n’aviez aucun euro sur vous. C’est la raison pour laquelle les employés du palace ont alerté les services de sécurité. Désargenté, que veniez-vous faire à Monaco?

- Mon intention était de me balader en tant que touriste, car je devais retourner le lendemain en train à Amsterdam afin de subir une intervention à une jambe.

- Comment pouviez-vous entreprendre un trajet ferroviaire? Vous n’aviez toujours pas le moindre centime en poche. Après une filouterie de taxi, s’ensuit une filouterie d’aliment. D’ailleurs, en consultant votre casier judiciaire français, vous avez été condamné deux fois à Paris, en 2017 et 2021 pour des infractions identiques. Ces mentions apportent un éclairage sur votre personnalité. Sans travail, comment est-il possible de vivre?

- Je reçois une aide de 40 euros par semaine des Pays-Bas et la plupart de mes factures sont prises en charge…"

"Sa version est délirante"

Toutefois, son conseil constate l’incompétence du tribunal dans cette affaire. "Les faits reprochés, déclare Me Clyde Billaud, ont été commis en France. La décision est prise à la montée dans le taxi, le 9 février à Paris, Monaco apparaît comme la destination. Mon client a toujours reconnu l’absence d’argent. Donc, côté français on était au courant de l’insolvabilité de Monsieur. La partie civile n’est même pas présente pour justifier sa version."

La réflexion du parquet est somme toute logique: le chauffeur aurait-il pris le risque de ne pas être rémunéré de sa course dès le départ? "L’infraction est caractérisée, pour le premier substitut Valérie Sagné. Ce sont les éléments matériels qui interrogent l’intentionnalité. C’est à Monaco que le paiement fait défaut. Or, Monsieur savait pertinemment qu’il ne pouvait pas payer. L’infraction est donc constatée en Principauté, même si elle est initiée à Paris. En fait, ce que raconte le prévenu ne correspond pas à la vérité. Sa version est délirante: personne n’a jamais travaillé sans contrepartie financière. Son casier, comme l’actualité monégasque, ne plaident pas en sa faveur."

Il est requis trois mois ferme. L’avocat retient toujours l’incompétence du tribunal et plaide pour une réduction de la peine. "Mon client a déjà pris un mois ferme. Quatre-vingt-dix jours supplémentaires c’est trop!" En vain!

Le tribunal a rejeté l’incompétence et suivi les réquisitions du ministère public. La décision a marqué le retour du détenu, menotté, à la maison d’arrêt. L’avocat semblerait réfléchit à un éventuel appel.

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