Il devient dealer de coke... par nécessité

L'argent facile pour pallier un salaire déficient… Il n'a pas mesuré les conséquences au moment de se mettre à son compte. Consommateur de cannabis depuis vingt ans, ce Mentonnais a glissé dans le commerce de la cocaïne.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 20/06/2018 à 12:45, mis à jour le 20/06/2018 à 14:04
Photo C.D.

Pour faire bouillir la marmite au début. Pour satisfaire un train de vie dispendieux ensuite. Pour diversifier son addiction. La justice monégasque a fini par lui mettre le grappin dessus et le condamner à une peine de huit mois de prison ferme pour trafic de stupéfiants.

Quand le détenu comparaît, menotté, devant le tribunal correctionnel, il a déjà fait six mois de détention provisoire. Il devrait donc ressortir libre ces jours-ci avec la traditionnelle remise de peine.

Repéré 196 fois à Monaco en trois jours

Le rappel de son passé par le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle l'accable. Le visage dur, figé, miné par l'incarcération, le quadragénaire écoute et revit sa descente dans l'enfer de la drogue.

Comment a-t-il été repéré? Comme le plus souvent, par un témoignage anonyme, le 6 décembre dernier. Son téléphone est alors mis sur écoute, même s'il change souvent de numéro.

Les enquêteurs repèrent le suspect en Principauté, avec sa Mercedes… à 196 reprises en trois jours. Le plus souvent sur la digue de Fontvieille.

Le 9 décembre, les policiers l'interpellent et récupèrent quelque 4 g de coke dans sa berline.

"Vous n'avez jamais contesté la vente de stupéfiants à Monaco et en France, remarque le magistrat. Pourquoi ce trafic?" Le prévenu évoque sa situation financière précaire. "J'étais sans emploi depuis décembre 2016. Je faisais bien quelques courses jusqu'à l'aéroport en tant que chauffeur de taxi occasionnel…"

La coke achetée à Nice entre 60€ et 70€ le gramme

Comment se procurait-il la drogue? "Dans un parking de la rue Barla, à Nice, et jamais avec la même personne. J'achetais la coca entre 60€ et 70€ le gramme. Je le revendais à 100€ plus une cinquantaine d'euros pour le trajet. Les transactions s'effectuaient par l'intermédiaire de paquets de cigarettes. Cela me rapportait environ 400€ par mois et j'écoulais huit à neuf bonbonnes par semaine. Soit 250g sur les huit mois. J'avais cinq clients réguliers sur la France et Monaco. J'en ai retiré au total 5.000€."

Le prévenu dit-il la vérité? Le magistrat parle de quantité plus importante. "Votre compagne donne des chiffres bien supérieurs! Vous écouliez 50 g de cocaïne toutes les deux semaines et les gens passaient tous les jours pour en acheter…"

 Témoignage réfuté: "Cette femme exagère, car elle veut me détruire depuis notre séparation."

Dix mois de prison ferme

Un coup d'œil au casier judiciaire, très chargé en France, avec onze condamnations pour outrages, escroquerie, recel, port d'arme… La représentante du parquet estime que le prévenu minimise périodes et fréquences de cession.

À l'issue d'un calcul d'apothicaire, le premier substitut Cyrielle Colle trouve que "40 € de bénéfice par gramme, c'est beaucoup quand on achète des quantités importantes et que l'on a dix clients potentiels recensés! Certes, cet homme n'est pas le plus grand trafiquant de Monaco. Et même si en Principauté on a les moyens de payer, ce n'est pas une raison de violer la loi. Aucune clémence: dix mois ferme!"

La défense fera ressortir une pratique artisanale. "Mon client n'avait pas d'appareil de mesure, énumère Me Clyde Billaud. Dans sa voiture, les pochons servaient à sa consommation personnelle. Il n'y avait pas de cachette. Le trafic n'a rien à voir avec l'importance annoncée. Cet homme s'est drogué pour oublier les morsures de la vie dans des accidents de voiture. Il était souvent à Monaco parce que sa compagne travaillait chez Zara. Il l'accompagnait. Il a tout perdu! Jusqu'à la femme qu'il aime. Sa mère est atteinte d'un cancer. Il souhaite la revoir… À 47 ans, il veut repartir du bon pied. Mettez un peu de clémence dans votre jugement."

Elle ne dépassera pas l'once avec deux mois en deçà des réquisitions du ministère public.

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