Les lenteurs de la justice? À Monaco on sait y remédier. Présentation, instruction, réquisitions, délibération, sanction. Dans l’affaire mettant en cause un responsable italien d’une société de gestion de patrimoine, La décision n’aura pas pris plus d’une minute. Explications.
Retour au 23 octobre 2013 dans ce même prétoire. Absent à l’audience, le prévenu était condamné par défaut à dix-huit mois d’emprisonnement ferme, avec mandat d’arrêt international, pour des faits d’escroqueries. En juin 2018, il faisait opposition au jugement.
Les signatures des clients falsifiées, voire découpées
Le dossier est logiquement revenu ce mardi, sur la table des juges. Mais il n’y a de nouveau personne à la barre. Même l’avocat-défenseur choisi à l’époque n’est plus là pour représenter son ancien client. Sans nouvelle de l’intéressé, le tribunal correctionnel a confirmé la peine prononcée en octobre 2013. "Il lui reste toutefois la possibilité de faire appel de sa condamnation à un an et demi de détention", a conclu le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle.
Que recherche le prévenu en rasant autant les murs de la justice monégasque ?
Il faut revenir au cours de l’année 2006. Le Transalpin est sous-directeur de la SAM "MPM & Partners". Sa fonction l’autorisait à disposer des mandats de gestion de sa clientèle et à entretenir une relation avec une banque monégasque : "Le Crédit Suisse".
Ces deux établissements se sont constitués partie civile à l’audience afin d’obtenir réparation du préjudice subi. Soit 635.000€.
L’enquête démontrera que ce financier s’acquittait d’une façon des plus personnelles de sa mission. Il émettait entre 2006 et 2008 des virements ou des retraits d’espèces en falsifiant la signature des clients.
Entre autres particularités, il avait pris l’habitude de découper les signatures sur des documents de ses "protégés" pour les coller sur des faux ordres afin de faciliter ses opérations illicites.
Il reconnaît les faits… par courrier
À ce jour, le prévenu n’a jamais été entendu dans le cadre de cette procédure. Il avait anticipé un départ précipité bien avant que l’affaire commence à sentir le roussi. Mais plusieurs perquisitions au domicile du prévenu ont facilité la découverte de nombreux documents compromettants stockés dans son ordinateur: faux ordres de virements et remises d’espèces entre autres.
Par la suite, si cet escroc transalpin n’a jamais comparu, il a toutefois adressé un courrier à son ancien employeur où il reconnaissait les faits.
Il s’engageait également à rembourser la totalité du préjudice. Mais, évidemment, c’était une promesse de Gascon: les plaignants n’ont pas reçu le moindre centime en retour. En revanche, reverra-t-on le prévenu pour le conduire enfin à la maison d’arrêt?
À l’heure actuelle, il vivrait en Italie. Or, comme ce pays n’extrade pas ses ressortissants, il n’y a rien de moins sûr qu’il réapparaisse un jour en Principauté. Il n’a d’ailleurs aucun intérêt à s’écarter de sa Péninsule natale: il risquerait d’être arrêté et extradé.
En attendant, le tribunal a entériné la première condamnation à dix-huit mois de prison ferme.
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