Un Aixois de 36 ans devait comparaître devant le tribunal correctionnel, soupçonné du vol de trois montres de luxe et d’un manteau dans une chambre de l’hôtel Hermitage, découvert le 8 janvier 2019, vers 19h30. Soit un préjudice de 69.000 euros pour la victime.
Un procès pour la forme?
Sans prévenu ni parties civiles à l’audience, la sentence condamnatoire de la juridiction collégiale à dix-huit mois de prison ferme risque de rester peine morte… À moins d’un éventuel retour de l’intéressé en Principauté.
Une drôle d’affaire d’abord classée sans suite, justifiée par un défaut d’élucidation, puis reprise par les enquêteurs monégasques avec l’apport d’informations des policiers des Bouches-du-Rhône après le vol d’un coffre-fort commis dans un palace d’Antibes le 26 juillet 2020.
Leurs investigations ont permis à leurs collègues monégasques de faire un rapprochement avec les faits reprochés en Principauté, et d’identifier l’homme, bien connu de leurs services.
Des montres de luxe subtilisées
À l’époque, le dossier, évoqué par le président Jérôme Fougeras Lavergnolle, mentionnait des traces d’effraction dans une suite occupée à l’année par un richissime italien dans l’établissement de la SBM.
Un monte-en-l’air - comprenez cambrioleur - y avait dérobé une boîte contenant de prestigieuses pièces d’horlogerie: Rolex à 34.000 euros, Audemars-Piguet à 18.000 euros, Vacheron-Constantin à 12.000 euros et un manteau de 5.000 euros.
"En interrogeant le voisinage, souligne le magistrat, les limiers locaux apprenaient qu’une fenêtre de la chambre située au premier étage, habituellement fermée pour des raisons de sécurité, était restée ouverte. Les enregistrements de la vidéosurveillance laissaient apparaître une silhouette qui s’affairait à proximité. Puis, quelques instants plus tard, une minute au maximum, l’individu quittait l’hôtel vers 19h07. Il s’éloignait en alternant fréquemment veste et blouson avec le manteau volé. Le visage du personnage transparaissait cependant à travers les images. Quant au plaignant, il reconnaissait son paletot et son sac dérobés dans sa suite."
Connu jusqu’en Suisse
Des prélèvements ADN, effectués sur la poignée de la porte, n’affichaient aucune concordance avec le fichier centralisé (FNAEG). Les prémices d’un cold-case…
Jusqu’au mois de septembre 2020 où les policiers français faisaient part à la cellule investigation de la Sûreté publique de l’arrestation du voleur à Antibes. "L’échange de photos démontre un visage identique avec l’individu visionné autour de l’Hermitage, poursuit le président. Interrogé par les enquêteurs aixois, ce personnage, sans profession ni ressources, contestait les faits reprochés en Principauté. Sans nier la ressemblance! Il reconnaissait être venu jouer au casino de Monte-Carlo, sans souvenance de la date exacte… Et d’être un rat d’hôtel!"
Des commentaires subtils pour éluder les soupçons?
Une fois les faits résumés, la parole était au parquet pour ses réquisitions. Le premier substitut Julien Pronier a noté de solides antécédents, avec 18 mentions sur le casier judiciaire français du prévenu pour des faits de vols, escroqueries, agression sexuelle…
"Il est même connu pour des exactions en Suisse, a-t-il rajouté. C’est manifestement un cambrioleur professionnel. Il a pour habitude de dérober dans les hôtels. Comme le prévenu avait le manteau et le sac de la victime, de plus reconnaissable notamment par son nez tordu, vous le condamnerez à une peine de six mois ferme."
Mais où sont passées les montres?
À l’issue du délibéré, le tribunal a multiplié la peine par trois: dix-huit mois! Certainement en référence à la condamnation d’un an et six mois par la justice grassoise pour le vol du coffre-fort à Antibes.
Une question reste en suspens toutefois. Même si ce genre de vol est majoritairement élucidé à Monaco, quels sorts ont subi les montres? Certainement pas entourées au poignet du voleur. Cela le confondrait! Plutôt revendues via Internet, où elles sont bien plus faciles à écouler, car souvent vendues à un prix bien inférieur à la valeur d’achat. Pas facile à retrouver! Est-ce la raison de l’absence du plaignant dépité?
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