Voilà un homme qui déteste les représentants de l’ordre, en uniforme comme en civil. Et peu courageux si l’on en juge par son absence à l’audience!
Il aura surtout importuné la formation collégiale du tribunal correctionnel par ses grossières allusions envers trois policiers, mentionnées au cours des débats. Jusqu’à désigner le prévenu sous le sobriquet de "grand prêtre de la sodomisation".
Le 5 avril dernier, vers 14h30, ce célibataire de 19 ans, sans emploi et certainement sans ressources, se présente dans les locaux de la Sûreté publique afin de récupérer son véhicule confisqué lors d’un précédent contrôle routier.
Quand les inspecteurs lui demandent les documents afin de restituer son bien, l’individu tend l’attestation d’assurance. Puis un certificat de passage du permis de conduire. Méfiants, les fonctionnaires interrogent les services administratifs aux fins de confirmation de sa validité.
"Il fallait juste patienter"
Mais cette attente supplémentaire est insupportable pour ce personnage à l’humeur irascible. Il n’a pas envie de rester une minute de plus dans les locaux de la rue Suffren-Reymond.
Impatient, fulminant, il va débiter une litanie d’insultes en rapport avec la scatologie. "Le prévenu, relate le président Florestan Bellinzona, conteste les faits et rapproche son comportement d’une forme de racisme palpable constatée".
La partie civile déplore l’absence du trublion afin de le confronter à la réalité objective. "Dommage, constate Me Hervé Campana, ce sera un jugement par défaut pour cet homme. S’il regrette, il ne reconnaît pas l’intégralité de ses actes. Il fallait juste patienter le moment de la vérification. Certes, il était en règle! Alors il devient agressif. Cela ne lui plaît pas et il offense gravement les fonctionnaires qui font simplement leur travail. Je sollicite pour chacun 300 euros au titre du préjudice moral."
"Cet homme peut venir en sous-vêtement"
Aucune attitude de provocation sera reprochée aux plaignants par le premier substitut Olivier Zamphiroff. "Cet homme peut venir en sous-vêtement si ça l’enchante. Mais n’allons pas jusqu’à la philosophie lacanienne*. Cet outrage ne doit pas être banalisé et il n’a pas le droit de se comporter de cette manière avec l’autorité. Un mois avec sursis!"
Le tribunal préférera frapper au portefeuille: 1.500 euros d’amende et une somme globale de 900 euros pour les policiers.
* Pour le psychanalyste français Lacan, c’est par la parole que l’être humain accède au désir de faire reconnaître son désir, et dont le phallus est l’objet et le signifiant essentiels.
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