Tout d'abord, le prévenu est absent: on comprend. Puis, il serait né en 1954 ou 1953: admettons l'erreur de copie. Enfin, il serait de nationalité grecque ou libanaise: ça sent l'embrouille. Pour terminer, il n'a pas de domicile connu: pas de doute, c'est un escroc!
Au final, le prévenu «fantôme» a écopé par défaut d'une peine d'un an de prison ferme avec mandat d'arrêt. Il devra également rembourser aux caisses sociales la somme de 6.900 euros. Cette histoire dépasse rapidement le statut d'anecdote.
«Un pro de la fraude à l'échelle internationale»
Brièvement, une femme a travaillé en Principauté et bénéficie logiquement d'une pension de retraite. Mais pour recevoir les paiements, il faut justifier annuellement auprès de la C.A.R. vigilante, d'une attestation d'existence remplie par la mairie de son lieu de résidence.
D'autre part, en complément, sa fille versait à sa mère un subside de 6.500 euros mensuel. L'un comme l'autre recevait régulièrement, depuis 2012, le formulaire administratif pour témoigner d'une réalité d'existence.
Des doutes affleurent toutefois dans l'esprit de la fille: elle n'a jamais de nouvelles et la signature de sa mère est différente. Comme cette dame âgée est partie vivre auprès de son fils (le prévenu) issu d'un premier mariage, la plaignante s'informe auprès de la mairie concernée.
La réponse est nette: sa mère est morte il y a quatre ans. De son côté, la C.A.R. se rapproche de cette même municipalité pour vérifier le document de vie. Il est bien faux!
«Le prévenu a disparu de la circulation, annonce le président, Florestan Bellinzona. Introuvable! Comme l'escroc avait procuration sur le compte de sa mère, tous les versements ont disparu. La fille ne s'est pas constituée partie civile, car elle ne retrouvera jamais les 60.000 euros versés.»
En revanche, les caisses sociales, par la voix de Me Franck Michel, «réclament le remboursement des 6.938,04 euros réglés. Quand cet individu a eu vent de la découverte du pot aux roses, il s'est évanoui dans la nature. C'est une esbroufe parfaite!»
Qu'importe si le prévenu est absent, les infractions sont parfaitement constituées pour le procureur, Alexia Brianti. «Il a utilisé cachet et signature pour fabriquer de faux documents afin de continuer à percevoir indûment l'argent de la pension. Tout en prenant soin de bien vider le compte bancaire de sa mère avant que les victimes s'aperçoivent du subterfuge. Cet homme fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt des autorités grecques pour escroqueries. C'est un pro de la fraude à l'échelle internationale qui multiplie les fausses identités…»
Un an de prison ferme avec mandat d'arrêt seront requis. Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public.
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