S’il est un domaine dans lequel le filon semble malheureusement inépuisable, c’est bien celui de l’usage frauduleux des cartes bancaires. D’où la comparution d’une femme de 51 ans devant le tribunal correctionnel.
Cette aide-soignante était soupçonnée d’avoir utilisé impunément, entre le 31 juillet et le 8 août 2021, la carte bancaire d’une patiente admise dans la clinique de l’avenue d’Ostende.
Quelques jours auparavant, la personne malade constatait la disparition de sa carte de paiement. En consultant ses relevés, elle découvrait plusieurs opérations jamais effectuées, à hauteur de 213,22 euros, pendant qu’elle était alitée dans sa chambre à l’IM2S.
Pas une première
pour la prévenue
La plaignante, guérie, s’en allait conter son histoire à la Sûreté publique. Les enquêteurs ciblaient rapidement la coupable en sélectionnant les images de vidéosurveillance qui correspondaient aux horodatages des transactions dans les commerces. Puis, ils montraient les photos récupérées au personnel de l’établissement. La quinquagénaire était identifiée et les faits reconnus. Même une autre carte bancaire dérobée était avouée.
Comment la prévenue a-t-elle pu se laisser tenter par pareil vol, au prix de perdre toute possibilité de poursuivre son emploi au sein de la clinique du sport?
"Des problèmes psychiatriques vous inciteraient à être kleptomane? note le président Florestan Bellinzona à l’audience. Ce n’est pas d’ailleurs la première fois que vous commettez des larcins dans des commerces. Certes, pour l’infraction reprochée ce ne sont pas de gros montants, car vous vous êtes servie uniquement du mode sans contact, pour treize paiements effectués afin d’acheter des vêtements, boissons, repas dans un fast-food, etc."
"Je consulte afin
de me faire soigner"
La prévenue a admis sa tendance morbide à voler par impulsion. "J’ai repris mon traitement et je consulte afin de me faire soigner. Aujourd’hui je fais de l’intérim, car j’ai été licenciée. Je n’ai jamais été condamnée. Je regrette..."
La victime, absente, par la voix de son époux a voulu uniquement appuyer l’action civile. "Les sommes détournées sont faibles et la banque nous a remboursés", a-t-il précisé.
En revanche, Me Maeva Zampori, conseil de l’IM2S, affirme que l’aide-soignante, par son comportement, a entaché l’image et la réputation de l’établissement. "Nous réclamons l’euro symbolique et la somme de 3.000 euros pour les frais de justice."
Au moment de requérir, le ministère public comptabilise deux éléments fondamentaux : la vulnérabilité du patient, sa confiance naturelle dans un établissement sanitaire a été trahie.
Une dernière chance?
"Les explications de la prévenue ne se justifient pas, a poursuivi le premier substitut Julien Pronier. Elles sont sources d’inquiétudes. D’où l’importance de s’assurer d’un bon suivi des soins et l’engagement de poursuivre des actes médicaux pendant deux ans. Vous prononcerez une peine de trois mois assortis du sursis et l’obligation d’indemniser la victime."
A l’issue du délibéré, le tribunal a peut-être laissé une ultime chance à l’aide-soignante pour retrouver la voie de la probité: huit jours avec sursis et le versement de 501 euros pour le préjudice réclamé par la partie civile.
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