À l’audience, cette sexagénaire franco-philippine apparaît stressée et affligée par le malheur causé à son employeur sans le vouloir.
Le 22 avril 2020, elle empruntait en voiture la rampe d’accès du parking du "Carré d’Or", où venait de déménager son patron.
Comme la domestique découvrait les lieux, elle appelait le propriétaire pour lui fournir le badge d’entrée. Un peu perdue par la nouvelle configuration, elle commettait une erreur de conduite…
En voulant freiner, elle appuyait avec son pied droit sur la pédale de l’accélérateur. Paniquée, la servante perdait le contrôle de sa berline.
Elle provoquait la chute de son patron, un quadragénaire qui lui montrait le chemin. Quant au véhicule, il finissait sa course contre un mur. Graves conséquences…
L’homme, allongé sur le sol, est conduit au CHPG. Il en résultait une ITT initiale de quatre-vingt-dix jours après avoir diagnostiqué la fracture d’une vertèbre.
La prévenue, à la barre, a répondu aux nombreuses questions du président Jérôme Fougeras Lavergnolle. On en retiendra principalement les raisons de l’affolement.
"Incohérente au cours de son audition"
"Ce n’était pas ma voiture, admet aussitôt l’intéressée. J’étais tellement contente d’avoir trouvé un nouvel emploi. Car je venais donner ma démission. J’étais très bien avec mon ancien patron. Mais son nouvel appartement de 800 m2, représentait beaucoup trop de travail pour moi. Je ne pouvais assurer l’intégralité de la tâche…"
Le magistrat note au passage une condamnation en 2010 pour conduite en état d’ivresse. Mais sans conséquence notable pour le premier substitut, Julien Pronier, dans ses réquisitions. "Madame a été blessée au cuir chevelu dans le choc. La victime n’est pas au banc des parties civiles et n’a jamais eu l’intention de porter plainte contre sa domestique. Cette histoire est en fait une faute d’imprudence. En raison du choc émotif, la prévenue a tenu des paroles incohérentes au cours de son audition. Il faut être clément. Une amende de 300 euros suffit. "
Toutefois, en défense, Me Clyde Billaud préfère une condamnation plus adaptée. "Quelle peine? On pourrait envisager justement avec l’article 414 une dispense de peine. Ou bien l’amortir avec du sursis. Ma cliente est restée douze ans au service de son précédent employeur. Un patron qui ne sollicite aucun préjudice. Cette femme de ménage n’a pu poursuivre à cause de la modification des horaires. Elle a également été blessée dans le choc avec un arrêt de travail de deux mois. C’est une simple erreur de conduite commise dans la période du confinement…"
À l’issue du délibéré, les juges ont déclaré la prévenue coupable, mais ils l’ont dispensée de peine.
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