Comment déterminer la juste responsabilité lors d’un accident survenu le 15 décembre 2019, vers 13h30, sur le pont Sainte-Dévote de Monaco, où une conductrice a heurté une passante? Normalement, il n’y a aucun doute dans ce cas de sinistre: les torts sont imputables uniquement à la personne au volant du véhicule concerné. Mais pour le tribunal correctionnel, les circonstances méritaient d’être éclaircies.
D’emblée, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle évoque la configuration des lieux. "L’événement fâcheux intervient à l’intersection entre l’avenue d’Alsace et le boulevard Princesse-Charlotte. On est à peu près devant l’enseigne A Roca. La voiture a dépassé le passage protégé quand la victime est heurtée. Blessée et hospitalisée, elle aura soixante jours d’ITT."
"Ma cliente boîte encore"
Devant les juges, la prévenue, une intérimaire de 27 ans, a d’abord indiqué n’avoir pas aperçu la personne qui traversait. "Mais cette dame pouvait très bien passer par l’arrière de mon véhicule et éviter le choc."
La plaignante, au débit oral impressionnant et assez incompréhensible, a une version contraire. Dans un langage qui objective sa pensée de charger à tout prix la conductrice, elle insiste sur "les responsabilités constatées", "les conséquences d’une éventuelle paralysie" et même d’une "fin annoncée".
Heureusement, la plaidoirie de son conseil, Me Emmanuelle Vial, du Barreau de Nice, apporte une lecture plus claire de la situation. "Ma cliente est sans ressources, poursuit-elle. La demanderesse n’a pas droit à la couverture sociale. Par chance, elle a pu bénéficier de la générosité de personnes proches. Il faut prendre en compte son préjudice, car ma cliente boîte encore et doit poursuivre des soins. Nous sollicitons 10.000 euros de provisions…"
"La mort n’est pas le fond du dossier"
Le premier substitut Olivier Zamphiroff n’a rien perdu des méandres de l’affaire. Il annonce une première semonce. "Vous n’allez pas infliger une peine par rapport aux blessures subies par la victime. Il faut condamner la prévenue à une amende symbolique de 300 euros assortie du sursis."
La défense de Me Christophe Ballerio, choqué par les propos violents de la plaignante, achève l’œuvre de réhabilitation de sa cliente. "La mort n’est pas le fond du dossier. Mais plutôt un partage des responsabilités. Au carrefour, cette dame traversait avec des amis bien avant le passage protégé quand la voiture de ma cliente l’a heurtée. Elle aurait pu attendre ou bien contourner le véhicule par l’arrière…"
Le tribunal est resté sur la peine d’amende de 300 euros avec sursis, une provision de 2.000 euros et le partage à 50% des responsabilités.
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