Les stupéfiants étaient une nouvelle fois au centre des débats à l’audience du tribunal correctionnel. Avec une affaire de cannabis, toujours aussi facile à se procurer dans le pays voisin à entendre les propos de prévenus. C’est un Monégasque, particulièrement friand de cette herbe illicite, qui a comparu. Il est surtout venu conter son calvaire et sa "résurrection" après sa condamnation par défaut à un mois d’emprisonnement ferme le 6 juillet dernier pour usage de drogue. Ce jour-là, il ignorait la convocation et la peine avait été prononcée en son absence. D’où son opposition au jugement.
Le cannabis comme "échappatoire"
Mais c’est un repenti qui se présente enfin à la barre. Cet homme, aujourd’hui sans emploi, reconnaît avoir consommé dès 2007, afin de se détourner de ses troubles psychiatriques. "J’avais 15 ans. Je ne supportais plus ce désordre pathologique! Alors le cannabis était une échappatoire. Une thérapie! J’ai bien essayé d’arrêter plusieurs fois sans y parvenir..."
Le chanvre attirera pour longtemps ses faveurs! "À partir de 2017, j’ai repris une consommation régulière. On me livrait chez moi et je dépensais entre 20 et 50 euros pour 2 à 5 grammes de produit..."
Jusqu’au jour où ce jeune homme rencontre un dénommé Albert. Le dealer lui propose son aide sous forme de... cannabis. "Je l’ai connu par des contacts, raconte-t-il. J’allais en train à Menton, au moins une trentaine de fois..."
Toutefois, la quantité acquise est suffisamment importante pour que ce consommateur s’adonne à la cession, lui fait remarquer le président Jérôme Fougeras Lavergnolle. "J’ai dû dépanner des amis une dizaine de fois. Pas plus..." Le magistrat s’enquiert aussitôt sur sa dépendance actuelle.
"J’ai tiré un trait sur mon addiction"
"Je m’en suis sorti et j’ai apporté les résultats des prises de sang. Oui, j’ai tiré un trait sur mon addiction depuis mars dernier. Pour éviter toute rechute, je suis soumis à un traitement médicamenteux et je consulte un psychiatre régulièrement. La Direction de l’action et de l’aide sociale (DASO) m’aide actuellement pour la recherche d’un travail." Il est relevé par le président, une condamnation sur le casier judiciaire pour une histoire de sac non remis. Un oubli sans mauvaise intention de le conserver.
"Un mois ferme avait sanctionné le prévenu dans l’affaire de stupéfiants où il devait comparaître avec d’autres consommateurs, rappelle le premier substitut Julien Pronier. Les faits reprochés: des dépannages entre copains et un client qui va récupérer le cannabis. Personne ne le met en cause comme trafiquant. Il doit comprendre cependant les conséquences d’une drogue qui ne l’aidera pas à régler ses problèmes. Mais plutôt à les aggraver. Je l’incite à poursuivre sa démarche de soins. Je propose cette même peine d’un mois, mais avec sursis, et mise à l’épreuve pendant deux ans.
Le tribunal tiendra compte de la confession sincère du prévenu. Il suivra les réquisitions du ministère public avec, également, une obligation de soins. Au président de conclure: "Certes, on vous sanctionne. Mais parallèlement on vous tend la main."
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