Une femme de 77 ans, heurtée par un vélo le 3 février 2018, est décédée quarante-sept jours plus tard. L’accident s’est produit vers 10 heures, au niveau de l’arrêt de bus proche du « Château d’Azur », sur le boulevard d’Italie. Le cycliste roulait en direction de Menton quand il a été surpris au moment où la victime traversait la chaussée hors du passage protégé. Soupçonné d’homicide involontaire, il a comparu devant le tribunal correctionnel.
D’emblée son défenseur, Me Régis Bergonzi, s’interroge sur la responsabilité pénale de son client dans cette affaire. Il argumente les nullités réclamées par une audition sur le bitume ; un PV rédigé sans la présence d’un avocat ; une mauvaise maîtrise du français et un enquêteur qui tient également le rôle d’interprète. Il clame la relaxe comme unique conséquence.
« Pas un gentleman »
À son tour, le prévenu, réfute toute responsabilité à l’audience correctionnelle. « Cette personne s’est précipitée sur la chaussée, hors des bandes blanches, assure-t-il. Quand elle est apparue dans mon champ de vision, il était impossible de l’éviter. Sauf à rouler au pas. J’ai chuté au sol… »
Le président Florestan Bellinzona (*) s’attache justement à connaître la vitesse. Le directeur de société l’estime entre 35 et 40 km/h dans un courrier à sa compagnie d’assurance. « Quand vous êtes entendu à la police, relève le magistrat, vous déclariez ne pas dépasser les 20 km/h. La victime a été transportée dans un hôpital français où elle décédera sans sortir du coma. »
La partie civile insiste sur la vitesse en cause pour réclamer la condamnation du cycliste et quelque 635 000 e au titre des préjudices. D’après Me Jean-Charles Gardetto, la gravité des chocs et des lésions confirme cet excès. « Cet homme est de mauvaise foi. Jusqu’à imaginer cette femme se jeter sous ses roues ! Son premier réflexe ? Envoyer la facture de réparation de son cycle au fils de la victime. Il doit assurer la responsabilité et les conséquences de cet accident mortel. Les quatre enfants auraient apprécié quelques mots de regrets. Mais cet individu n’est pas un gentleman. »
Un an avec sursis requis
Au moment de se prononcer sur ce dramatique contretemps, le procureur Alexia Brianti déplore la perte d’une mère et considère évidemment le prévenu à l’origine de son décès. « Oui, il y a eu un défaut de maîtrise et une vitesse inadaptée, supérieure à la limite autorisée. Il est aussi difficile de soutenir une visibilité restreinte causée par le passage de la victime entre des scooters en stationnement afin de déboucher sur la chaussée. L’autopsie démontre un choc violent du côté droit de la tête. La peine doit marquer le comportement dangereux : un an assorti du sursis. »
« Accident inévitable »
S’il partage la pénible souffrance de la famille, Me Régis Bergonzi exhorte le tribunal à s’élever au-delà de l’émotion, de la douleur : « Pensez uniquement au Droit pour le dû de chacune des parties. Mon client n’a pas commis de faute. Il doit être relaxé ! Il n’y a ni témoin ni caméra. Ses arguments sont sérieux : la victime est à 16,14 m du passage protégé. Elle se précipitait pour prendre son bus. Personne ne peut indiquer précisément la vitesse du cycliste. Cette femme a commis une faute et l’accident était inévitable. »
À l’issue d’un long délibéré, le tribunal prononcera la relaxe du prévenu.
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