Six mois de prison ferme et 35 000 € de dommages. C'est la décision rendue hier matin par le tribunal correctionnel contre Emmanuel. Un escroc récidiviste qui promettait à un octogénaire monégasque une somme faramineuse à la loterie espagnole (1).
La justice lui reproche le recel de 35 000 € versés sur son compte de la CaixaBank en Espagne, provenant d'une escroquerie.
Au départ, une personne âgée et vulnérable reçoit un courrier alléchant qui l'informe d'un gain de 2 millions d'euros gagné à la loterie espagnole. Mais pour récupérer ce sacré pactole, il faut effectuer des virements pour divers frais de dossier. Au fil des instructions reçues, le Monégasque aura versé 130 000 € sur deux comptes bancaires, dont un appartient encore au Nigérian.
Évidemment, la victime, un peu trop crédule, ne perçoit rien en retour. Elle cesse tout paiement sur les conseils du directeur de la Poste de Fontvieille. Puis, elle dépose plainte…
Le prévenu nie toute escroquerie
« Étiez-vous au courant des virements ? » demande le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle. Comme le prévenu assure ne rien savoir, le magistrat veut connaître les raisons des arrivées sur son compte.
« Après mon licenciement, je me suis mis à mon compte à Malaga dans l'import-export pour faire vivre ma famille. Un jour, à la sortie d'un établissement financier au Nigeria, on m'a volé mon argent. On m'a proposé d'opter pour le système de change et le virement bancaire, car en cas de vol, j'étais remboursé. J'ai donc donné mes coordonnées pour que les sommes atterrissent sur mon compte. Donc aucun transfert n'est le fruit d'une escroquerie. »
Le président, incrédule : « Pourtant, cet argent provient de la victime. Et les dates sont proches et correspondent avec les émissions ! »
Dernière parade de ce père de famille : « Dans mon livre de caisse, il n'y a pas de détails sur l'identité des personnes ou l'origine des transferts. Sur ce même compte, ouvert en Espagne en 2004, sont prélevés taxes et impôts… »
Six mois ferme
Tout est-il aussi transparent et anonyme ? La partie civile, par la voix de Me Arnaud Cheynut, trouve étrange que « cet homme ne soit au courant de rien. Or, les sommes ont bien été virées par mon client sur son compte. Il faut le condamner ».
Le procureur général Jacques Dorémieux réclamera six à huit mois d'emprisonnement ferme. Me Raphaëlle Svara distillera subtilement dans sa plaidoirie une relaxe fondée sur la non-constitution de l'élément de recel. « On ne démontre pas que mon client avait connaissance du délit. Il ne sait pas d'où vient cet argent. Il n'est pas coupable. Il gagne très bien sa vie comme auto-entrepreneur. »
Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public.
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