Un Français a suivi et agressé une victime pour la détrousser, puis donné un faux nom aux policiers avant de se battre avec les agents aux urgences du CHPG et enfin de tenter de s'enfuir
C'est le parfait trublion d'une nuit monégasque! Le 27 août, Julio Croste a d'abord mis un sacré désordre à Fontvieille. Ce Français de trente-cinq ans, résidant chez sa mère à Montpellier, a suivi et agressé une victime pour la détrousser, puis donné un faux nom aux policiers.
Enfin, il s'est battu avec les agents aux urgences du CHPG pour tenter de s'enfuir. A l'issue de sa comparution devant le tribunal correctionnel, menotté, il a été condamné à quatre mois de prison ferme!
Il est 1 h 30, ce jeudi, lorsque les fonctionnaires de la Sûreté publique sont alertés d'une bagarre entre deux hommes dans les environs de la Roseraie. Ils interviennent… La victime, un touriste bulgare, assure qu'il a été suivi par le prévenu et malmené pour son argent.
Arrêté et conduit au poste, l'agresseur nie et donne un faux nom: celui de sa mère. Mais il est démasqué au cours de sa fouille grâce à sa propre carte bancaire.
A l'énoncé des accusations, le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle veut connaître les raisons d'un tel comportement.
"L'homme m'a provoqué du regard, répond le prévenu. C'est un piège…
- Il a surtout voulu se défendre car il se sentait suivi, lui rappelle le président. Les caméras de surveillance démontrent l'exactitude des faits.
- De toute façon, c'est une bagarre comme il s'en passe dans le monde entier ! De plus, on m'a toujours appris à frapper le premier…
- Avec une différence ! A Monaco, on ne veut pas de tels comportements sur la voie publique."
Pour les parties civiles, un policier témoigne à la barre à la demande du président.
"Conduit à l'hôpital devant un tel état d'énervement dans nos locaux, et après consultation, le prisonnier a tenté de s'enfuir. Rattrapé vers le bureau des urgences pour être menotté, il a eu un excès de violence et il s'est mis à cracher à l'arrivée des renforts. Il a fallu le plaquer au sol pour le maîtriser. Il aurait pu blesser des patients présents... ,insiste l'agent
- J'ai craché parce que j'avais du sang dans la bouche, se défend l'agresseur. J'ai aussi des problèmes psychiatriques et je suis suivi par un médecin de Montpellier depuis trois ans…
- Vous avez des tendances schizophréniques ? Avez-vous des médicaments à prendre?", assene le président.
Casier chargé
Le prévenu acquiesce d'un signe de tête. Il a également déjà eu maille à partir avec la justice. Son casier français comporte plusieurs condamnations pour vols, rebellions, outrages, violences et usages de stupéfiants entre 1999 et 2013. Me Christophe Ballerio, conseil des parties civiles, met alors en exergue l'expérience professionnelle des fonctionnaires de police.
"Il n'y a aucune explication sur le comportement et la volonté de s'enfuir du détenu. Il a blessé mes clients. Pourtant, ils ont fait un usage strictement nécessaire de la force et ils n'ont aucune faute à se reprocher… Le trouble est certain. Les sommes demandées sont l'euro symbolique et 1.500 €. L'Etat monégasque fera valoir sa créance au civil…"
Dans son réquisitoire, le procureur Alexia Brianti n'est pas dupe. Après un rappel des faits, la magistrate estime que "M. Croste voulait simplement en découdre avec la victime qui se promenait tranquillement quand il l'a abordée. C'est quelqu'un de dangereux pour autrui. Le touriste a eu une ITT de deux jours. Mais si personne n'était intervenu… Et les policiers blessés !... Ses antécédents nous éclairent sur ses raisons de cacher sa véritable identité. C'est inquiétant qu'un individu aussi dangereux se balade dans les rues de la Principauté... Trois mois ferme!"
En défense, Me Alice Pastor passe alors à l'attaque.
"Ce dossier est une catastrophe et ne repose sur rien ! Au cours de la garde à vue, il a été entendu hors la présence d'un avocat à cause du permanencier qui n'a pas répondu... Mon client a contesté les faits d'accusation. La version avec les policiers est différente. Je m'interroge aussi sur son cas psychiatrique. Il est jugé dans la foulée. Or, il n'est pas en état de comparaître et les droits de la défense ont été bafoués. Ramenez la peine à une proportion bien inférieure que celle réclamée…"
Pourtant, le tribunal ira encore plus loin que les réquisitions du ministère public.
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