Le plus jeune à 20 ans. Si ce Niçois rêve de rejoindre la Marine nationale, la docilité n’est pas son fort. Le second, un serveur quadragénaire de Monaco, a l’ego facilement irritable. Évidemment, avec deux caractères bien trempés, la béatitude recherchée ce 19 août 2018, s’est transformée en tourments au premier croisement de regards entre ces consommateurs attablés avec leurs groupes d’amis à La Rascasse.
"J’ai frappé d’instinct"
Sous l’effet de la boisson, on se toise pour se couvrir mutuellement de mépris. On s’humilie par des mots d’oiseaux avec la même rage froide. La même rancune. Ce défi provocateur force le dédain et engendre l’inévitable rixe pour connaître dominant et dominé.
Le président Jérôme Fougeras Lavergnolle essaie de cerner les responsabilités de chacun des prévenus.
"Il est 2h40 quand les services de sécurité de l’établissement alertent les policiers. A leur arrivée, ils vont trouver un homme inconscient à terre, saignant du nez. Pourtant, aux premiers éclats de voix, les vigiles vous avaient mis dehors, note le magistrat en s’adressant au plus jeune. Or, vous êtes revenu sur les lieux et vous avez porté le premier coup..."
Le Niçois reconnaît son geste et le regrette. "Ce personnage m’a marché sur les pieds et insulté quand je suis retourné dans le bar pour récupérer mes affaires. J’ai frappé d’instinct..."
Le second, loin d’être un enfant de chœur avec sa frappe du gauche "anesthésiante", se défend.
"Un groupe de jeunes gens était venu pour m’intimider. J’ai réagi à mon tour par des coups, certainement à cause de l’alcool. Je suis calme habituellement..."
Dommage que le temps des regrets survienne seize mois plus tard et uniquement devant la justice... Le président note au passage que la boisson a tout de même rendu les mémoires défaillantes, pendant leur garde à vue à la Sûreté publique, aux deux prévenus aux casiers vierges.
"Il veut s’engager dans la Marine française..."
Les répétitions de l’alcoolisation de nuit à La Rascasse tracassent le premier substitut Olivier Zamphiroff.
"Cet établissement irrite nos audiences. On devrait associer aux distributions d’alcool des principes de bienséance. Tout cela est chimérique et le directeur de l’établissement n’obtempérera pas. Quant aux deux individus, je ne vais pas sortir la balance pour apprécier leurs responsabilités. Fautifs, il faut les condamner à 500 euros d’amende ferme."
Pour défendre son client niçois, Me Thomas Brezzo refait le film de la soirée arrosée et demande qu’il bénéficie de l’article 35 de la nouvelle loi du 12 novembre 2019.
"C’est important pour cet homme de bénéficier de la non-inscription de sa condamnation sur le casier judiciaire. Il veut s’engager dans la Marine française. Mais son dossier a été refusé à cause de cette procédure. Par votre décision, il pourra se représenter."
Le tribunal acquiesce à cette demande et prononce deux légères peines de 300 euros en signe de semonce.
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