Ce n’est pas la faute au confinement décidé par les autorités monégasques, dès le début mars, afin d’éviter la propagation du Covid-19 au sein de la population. Un sexagénaire portugais a levé la main sur son épouse le 5 janvier dernier au cours d’une violente dispute qui avait fait grand bruit.
Vers 20h30, les policiers intervenaient dans la rue Camille-Blanc et la victime repartait après douze jours d’hôpital avec une ITT de quatre-vingt-dix jours. La plaignante, apeurée, décrivait ce soir-là une scène horrible où le mari brandit un marteau pour la menacer de mort et la pousser brutalement.
"Elle s’est approchée trop près
de mon visage..."
Interrogé, il est difficile pour ce concierge de faire l’aveu de violences qu’il conteste. "J’ai juste repoussé ma femme. Elle s’est approchée trop près de mon visage afin de me provoquer. J’ai eu une réaction de légitime défense. Tout le reste est faux. Quand elle est tombée, j’ai même pris ma voiture pour la conduire au service des urgences du CHPG. Mon épouse et ma fille me reprochent des aventures, de sombrer dans l’alcoolisme."
Alors, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle (ses assesseurs étaient MM. Florestan Bellinzona et Adrien Candau, Ndlr) n’a de cesse de creuser dans les rapports du couple. De traquer le moindre sens de leurs émotions, sentiments, pulsions ou impulsions. "Tout le monde mentirait-il dans cette affaire ? Les mains courantes déposées par Madame depuis 2013 seraient-elles des fausses déclarations ? Le médecin psychiatre a parlé d’une atteinte de troubles psychiques, de persécution et de jalousie. Vous devez vous soumettre à une obligation de soins. Aujourd’hui, vous êtes licencié et vous n’habitez plus au domicile..."
"Du cinéma... avec des séquelles à vie ?"
Au bout de cette instruction, même si les tensions s’emmêlent ou deviennent confuses, Me Sarah Filippi, pour la partie civile, apparaît exaspérée.
"Les violences verbales et physiques croissantes sont dénoncées depuis longtemps par ma cliente et des proches. Elle ne supporte plus les infidélités de son époux. Chacun à sa version. Mais Madame ferait-elle du cinéma après son séjour à l’hôpital et un arrêt de travail jusqu’au 23 juin? Avec des séquelles à vie, nous demandons une expertise et 10.000 euros d’indemnités provisionnelles."
Carrément hors d’elle, le premier substitut Cyrielle Colle brandit la photo de la "tueuse". "Mais c’est une victime courageuse. Elle a du caractère pour supporter les tromperies, les insultes, les agressions avec une chaise. Ce couple qui ne s’entend plus aurait dû se séparer. Des raisons financières l’en ont empêché. Après vingt ans de vie commune c’est compréhensible. Madame voudrait l’ensorceler, l’empoisonner ! Ce n’est pas Monsieur la victime ! Il faut assurer la sécurité de l’épouse par une interdiction d’entre en contact pendant deux ans. Plus une lourde peine de deux ans avec sursis pour sanctionner les actes du prévenu."
"Mon client paie les pots cassés"
Pourquoi celui qui a aimé s’est-il transformé en bourreau? Me Christophe Ballerio, en défense, a une autre vision du processus ou les mots accompagnent les coups.
"Cette motivation est justifiée par une épouse énervée qui a tendance à rabaisser son mari dans ce huis clos conjugal. Jusqu’à le menacer avec un couteau. Mon client paie les pots cassés de vingt ans de conflit. La riposte n’est pas disproportionnée. Cela peut engendrer la légitime défense qui doit être reconnue. Quant aux conséquences pécuniaires, comment les assurer sans emploi, sans logement?"
Le tribunal a réduit le quantum requis à dix mois avec sursis et alloué la somme de 10.000 euros sollicitée par la partie civile.
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