L’alcool occupe une place importante dans cette fratrie de Cap-d’Ail. Après le petit frère, la semaine dernière, le grand frère, également récidiviste, vient de comparaître, à sept jours d’intervalle, dans les mêmes conditions: menotté à l’audience de flagrance, pour conduite en état d’ivresse.
Ce restaurateur s’est fait remarquer le dimanche 26 janvier, vers 12 h, après avoir chevauché une ligne continue au volant d’une Porsche GT. Intercepté sur l’avenue des Guelfes, il était contrôlé avec un taux de 0,81 mg par litre d’air expiré.
"Vous étiez tellement saoul…"
Dans le box, le prévenu, bouleversé par deux jours de détention provisoire, détaille ses excès de boissons. "La veille, au cours d’une soirée entre amis, j’ai consommé trois bières, deux gin tonics et plusieurs shots de tequila sans souvenance du nombre. Je me suis couché et le lendemain matin, un peu avant midi, je partais au travail. Je pensais qu’au réveil les effets de l’alcool s’étaient dissipés…"
Les propos font réagir le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle qui se base sur le théorème de Colle, soit une perte de 0,10 mg/l par heure, pour estimer l’alcoolémie de l’intéressé la veille au coucher. "Vous aviez au moins un taux encore supérieur de 0,60mg/l à celui retenu! C’est énorme. Aviez-vous pris un véhicule pour retourner à votre domicile?" Le détenu a reconnu qu’il était "trop saoul pour conduire dans la nuit de dimanche. J’ai dormi chez mon ami. Il m’a prêté sa voiture pour me rendre au travail en fin de matinée".
Mais les véritables ennuis vont surtout commencer avec la troisième condamnation. Car le mois de prison avec sursis, prononcé précédemment – depuis moins de cinq ans – va s’ajouter à la nouvelle peine. Le premier substitut Cyrielle Colle s’étonne d’ailleurs: "Vous étiez tellement saoul que vous n’aviez pas réalisé le franchissement de la ligne blanche!"
La prison… avant l’accouchement
Puis la représentante du parquet général se lance dans un calcul savant afin que cet homme de 30 ans ne reparte pas en prison car son épouse va accoucher bientôt.
"Depuis la nouvelle loi, ce tribunal peut prononcer une interdiction de conduire à Monaco. Avec deux ans de suspension de permis et dix jours ferme, Monsieur pourra être présent pour la naissance de son enfant."
"Comportement responsable"
À la défense de trouver des arguments qui tiennent la route pour réduire la sanction réclamée. Adroitement, Me Thomas Brezzo met en exergue la précédente condamnation afin de démontrer la prise de conscience de son client.
"Il a retenu la leçon. Notez son comportement responsable jusqu’au lendemain 11h. Alcoolisé, avec quelque 3 grammes dans le sang, il n’a pas conduit aussitôt ! Il s’est marié récemment, cette bêtise ne doit pas gâcher l’heureux événement. Pensez également à son activité professionnelle. La prison peut être évitée avec une obligation de soins ou bien le fractionnement de la peine ou encore la semi-liberté. Adaptez votre jugement à la situation."
Après en avoir délibéré, le tribunal a compris le message. Sur les huit jours ferme infligés, il faut retirer les deux jours de détention provisoire. Sur les deux ans de suspension du permis de conduire requis, les juges ont partagé la poire en deux : 1 an. La venue du nouveau-né ne sera pas gâchée.
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