Accusée d’avoir détourné 400.000 euros à une dizaine de clients, une avocate de Grasse a échappé à un procès public mais pas à une condamnation ce mercredi. Lors d’une discrète comparution en reconnaissance préalable de culpabilité (une CRPC), le procureur de la République a proposé une peine de deux ans de prison avec sursis, 3000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction d’exercer à l’encontre de cette professionnelle suspendue depuis 2016.
Une peine homologuée par le juge. Me Chantal Morandini, Cannoise de 70 ans, ne parvenait plus à payer ses charges (Urssaf, Caisse nationale des barreaux français (CNB)…) Elle piochait alors dans les comptes CARPA (la caisse autonome des règlements pécuniaires des avocats). Ces comptes sont censés sécuriser les opérations de fonds réalisées par les avocats au nom de leurs clients.
Ce ne fut pas le cas pour Catherine, commerçante de Mandelieu-la-Napoule qui venait de vendre son fonds de commerce pour 75.000 euros. Cette somme avait été mise sous séquestre sur le compte CARPA de la vendeuse. Sauf que l’argent va petit à petit s’évaporer. Une situation mise au jour lors d’un contrôle de routine qui poussera le bâtonnier à saisir le procureur de la République pour l’ouverture d’une enquête. Une dizaine de personnes auraient ainsi été flouées.
"Pyramide de Ponzi"
Les investigations permettront de découvrir que l’avocate a rédigé de faux documents pour masquer les détournements. "Elle avait inventé la pyramide de Ponzi de la Carpa", observe Me Sophie Jonquet, conseil de la commerçante azuréenne qui a déposé plainte. Les délits d’abus de confiance, de faux et d’usage de faux sont, selon l’avocate, caractérisés. Quatre parties, dont la Carpa, se sont constituées parties civiles. Parmi elle figure Tonino, représenté par Me Hervé Banbanaste, qui s’est vu interdit bancaire en raison des indélicatesses de son avocate.
L’assurance professionnelle remboursera à la commerçante la majeure partie de l’argent détourné, soit 40.000 euros. En revanche, il manque 11.000 euros sans compter le préjudice moral et le recours à un emprunt bancaire pour faire face à cette situation financière inattendue.
90% des sommes détournées auraient été remboursées, ce qui justifierait la clémence de la justice vis-à-vis de cette professionnelle du droit. Une audience pour fixer les dommages et intérêts se déroulera en juin.
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