Pour avoir un aperçu compréhensible des faits, les juges s'étaient rapprochés d'une interprète en langue des signes.
Si l'utilisation intentionnelle de la force physique par le jeune homme, afin de soustraire le téléphone portable de sa victime, n'était pas véritablement démontrée, celle du pouvoir de terroriser son ex-compagne tenait d'un comportement masculin indigne.
À l'audience, le prévenu, absent, est représenté par son conseil. Visiblement, dans ses déclarations, reprises par le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle, il souffre de cet éloignement sensuel. Rancœur et affront sont apparus en apprenant la nouvelle liaison amoureuse de la jeune femme.
Par vengeance, l'homme veut récupérer le smartphone de son ex, afin d'effacer toutes traces de leur liaison: messages et photos. Comme elle refuse et pour la contraindre, il la touche aux jambes et au ventre avec un objet contondant passé sous la table où ils s'opposent. Est-ce une lame dissimulée?
"Aucune preuve d'un couteau"
Peur, pleurs, douleur, horreur marquent successivement le visage de la plaignante à la barre pendant le récit. "C'était pour vous impressionner, suppose le magistrat. La vidéosurveillance et des témoignages n'apportent aucune preuve d'un couteau." La fine stature de la jeune fille tressaille, effarée. Pas de réponse. "En garde à vue, le prévenu a décrit un cône en papier, poursuit le président. Souhaitez-vous demander un dédommagement?"
Son avocat, Me Charles Lécuyer, entre traumatismes physiques et conséquences délétères, intervient pour parler "du point d'orgue de cette relation tumultueuse où l'individu était menaçant par son comportement dangereux. C'est la cause de plusieurs troubles dépressifs. Depuis, cette scène a été un coup d'arrêt pour ma cliente dans ses études comme dans ses ambitions. Nous demandons la somme de 5.000 euros."
"Ni gentil, ni méchant"
Avec infiniment de décence et d'attention, le procureur Alexia Brianti écarte la thèse du couteau. "Le vol du portable est reconnu comme des gestes brusques du prévenu sur une femme en état de choc et en pleurs à l'arrivée des policiers. Il le dit lui-même: il a fait n'importe quoi. Le conflit est surtout émotif. Retenez que cet homme, alcoolique, souffrait d'un trouble d'ordre psychologique. Pensez à une peine avec sursis."
La défense ne cherchera pas à s'enivrer d'idéologie! Me Sarah Filippi construira sa plaidoirie sur une sorte d'ordre social justifié. "Un acte est déterminant: le mal-être de mon client à la suite d'une méningite. Il aurait préféré mourir plutôt que de vivre un quotidien difficile et un malaise profond. Dans ce dossier, il n'y a ni gentil ni méchant. Mais deux personnalités qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Le couteau? Le harcèlement? Le préjudice? Rien ne tient la route. Requalifiez l'infraction en violences légères…"
Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public avec une peine de cinq jours avec sursis et la somme de 2.000 euros pour la partie civile.
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