A Monaco, un mari brutal condamné à de la prison avec sursis

L’épouse a décrit, à la barre du tribunal correctionnel de Monaco, l’agressivité de son mari au cours d’une altercation sur fond d’instance de divorce. La justice monégasque a constaté ce "contexte violent" malgré son refus d’admettre.

Jean-Marie Fiorucci Publié le 04/02/2023 à 13:09, mis à jour le 04/02/2023 à 13:16
Le prévenu a été condamné à une peine d’un mois avec sursis et 3000 euros d’amende. Photo Jean-François Ottonello

En attaque comme en défense, la haine a été l’arme agressive excessive d’un couple attaché à se nuire devant le tribunal correctionnel de Monaco. À celui qui arrivait le mieux à exprimer sa colère pour décrocher un divorce engagé. Pour cela, l’épouse a invoqué des coups qu’elle aurait reçus le 25 janvier 2022, puis dénoncer à la Sûreté en évoquant l’humeur aigrie de son mari et sa brutalité au cours d’une altercation.

"A la suite d’une histoire de voiture, affirme à la barre la victime, cet homme me saisissait par le bras. Puis, dans l’encadrement d’une porte, il me portait un coup au niveau de l’épaule et il me claquait la porte à la figure. Au sortir du CHPG, un certificat médical mentionnait huit jours d’ITT."

"Je conteste toute agressivité physique"

Le conjoint opère aussitôt une diversion et veut rétablir l’équilibre. "Il y a eu quelques dérapages de langages. C’est peut-être en repoussant la porte que des marques sur la peau de Madame ont pu apparaître. Car elle était exaspérée au point de me poursuivre et essayait de rentrer. Je voulais fermer cette porte pour éviter justement tout affrontement et d’éventuels écarts de comportement. Je conteste toute agressivité physique."

Le regard défiant, l’aspect dédaigneux, la femme réagit. "J’ai eu un choc quand il m’a poussé très fort et donné un coup avec le poing fermé. Puis il a claqué la porte fortement. Je ne m’y attendais pas. La prise de médicaments a fait monter sa combativité."

"Toute cette histoire est inventée, assure celui qui est gérant de société à Monaco. Un tissu de mensonges pour peser dans le divorce. Quant aux vitamines et hormones prescrites, elles ne me rendent pas agressif. Les ecchymoses constatées n’ont rien à voir avec ce qui s’est passé en janvier"

"Un couple parfait mais..."

Des témoignages lus par le président Florestan Bellinzona évoquent en général "un couple parfait mais un mari parfois irascible et une conjointe addict aux injections de botox".

"Le manque de respect pour les femmes", est relevé par la fille de la victime à la barre. "Mon beau-père pense qu’avec sa fortune, il peut être au-dessus des lois…" Ou encore "Madame cherche à s’enrichir, déclare sous serment un déposant présent dans la salle, qui n’est autre que l’ancien époux de la demanderesse. Elle vise des personnes très fortunées et se serait livrée à des prestations tarifées à l’époque précédant son mariage. L’ex-épouse de Monsieur atteste face aux juges "d’un conte de fées au début du mariage et je n’ai jamais subi la moindre violence."

Le magistrat, curieux, s’étonne alors de la séparation.

"L’infraction largement caractérisée"

"Cette dame menait un train de vie inconsidéré, répond le prévenu. Nous avons divorcé par consentement mutuel après 23 ans pour une simple raison: mon ancienne épouse s’était largement servie financièrement." Le sexagénaire annonce annuellement "150.000 dollars d’émoluments, plus 200.000 dollars d’autres sociétés".

Du pain béni pour la partie civile, qui sollicite par la voix de son conseil 30.000 €euros de dédommagements au titre du préjudice moral. Et d’argumenter pour Me Raphaëlle Svara: "Depuis ce jour de janvier, on fait passer ma cliente pour une prostituée et on l’accable de tous les maux. C’est la victime d’un coupable qui conteste maladroitement les faits et qui ne serait jamais colérique! L’infraction est largement caractérisée avec des bleus constatés par le CHPG, conséquent aux coups portés pour faire taire la plaignante."

"Un contexte violent qui n’est pas contesté"

"On est venu polluer les consciences avec des faits postérieurs, en déduit le premier substitut Valérie Sagné. Le passé de Madame n’est que des ouï-dire. En revanche, j’ai des faits qui correspondent au moins à un coup porté dans un contexte violent qui n’est pas contesté. Les propos de Monsieur sur la question financière ne tiennent pas. Je retiens la culpabilité et je requiers trois mois assortis du sursis."

Alors, Me Jean-Charles Gardetto se déchaîne pour défendre son client et sollicite la relaxe. Après un rappel du conflit, l’avocat plonge ses propos dans "douze ans de vie commune avec un train de vie dispendieux afin de satisfaire les attentes de Madame. Aujourd’hui, le prévenu n’a plus d’argent et il n’intéresse plus son épouse. Au moment de dénoncer les faits à la Sûreté publique, aucune trace, aucune ecchymose. Puis vient le temps de la plainte sur les conseils de son avocate. C’est une mascarade, dont le but est d’obtenir une ordonnance de protection afin de faire déguerpir son mari de l’appartement. On ne peut pas le condamner avec un certificat médical qui dit le contraire du rapport de police…"

Le tribunal a condamné le binational argentin et belge à une peine d’un mois avec sursis et réduit le préjudice moral de la partie civile à 3.000 euros.


* Assesseurs: Geneviève Vallar et Aline Brousse.

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