A Monaco, sa femme enceinte perturbe sa sieste... il lui donne des coups de parapluie

Parce qu’elle écoutait de la musique sur son téléphone à côté de lui pendant sa sieste, l’homme l’a frappée. L’association d’aide aux victimes (AVIP) a épaulé la victime devant le Tribunal correctionnel de Monaco.

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JEAN-MARIE FIORUCCI Publié le 24/03/2023 à 11:04, mis à jour le 24/03/2023 à 11:14
Outre la dénonciation des violences, le substitut a rappelé que le prévenu ne pouvait nier la grossesse. (Illustration J.-F. Ottonello) JFO

À l’audience, on a beaucoup parlé du parapluie, objet des violences sur conjoint. Étrangement, cet accessoire, dont le but principal est de protéger, n’a pas empêché la pluie de coups du côté du manche sur la face et le thorax de la victime. En revanche, l’auteur des faits reprochés l’a grand ouvert devant le tribunal correctionnel afin de se mettre à l’abri de possibles pépins. Il a nié tout acte malveillant du genre, dénoncé par l’épouse le 25 janvier dernier à la Sûreté publique. Pourtant, des rougeurs apparentes étaient constatées et un médecin du CHPG prescrivait trois jours de ITT. Dans cette affaire, on est bien loin du « coin de paradis » chanté par Brassens. Et la relation du couple a beau apparaître toxique à la barre, sans autre témoignage oculaire c’est la parole de l’un contre celle de l’autre.

Mais aucune complexité n’a découragé le président Florestan Bellinzona (1). Pourtant…

"C'est un échec. Cela n'a pas de sens!"

Il faut d’abord situer l’originalité du couple, empêtré dans un désordre social absolu. Mariés en 2010, la lune miel entre ce Français de 59 ans et cette Russe de 44 ans a viré à l’échec complet deux ans plus tard. Depuis, ils cohabitent dans un studio de 37 m2 à Monaco, sans l’once d’un instant de réciprocité amoureuse et dans une indifférence absolue. Difficile de faire chambre à part… quand Madame dort sur un lit de camp et Monsieur sur le canapé.

Ils ont intenté une procédure de divorce en 2020, sans donner suite. L’année dernière, un désir de maternité a germé dans l’esprit de l’épouse. Comme toute conception naturelle est devenue irréaliste, une incursion en Russie lui a permis de recourir à un donneur de sperme et d’être enceinte.

Au fil de l’instruction du dossier, apparaît la source d’un conflit majeur. Ce jour de janvier où Monsieur n’a pas supporté d’être dérangé par l’écoute de musique pendant son temps de repos… et donné des coups de parapluie à sa femme enceinte.

Ce comportement irrite le magistrat. « Vous ne vous étiez pas rendu compte que votre épouse attendait un enfant depuis septembre ? » Le prévenu réfute toute violence :

« - Avec un manteau, cela ne se voit pas. Je maintiens toutefois ma déposition. Je n’ai jamais frappé Madame. J’ai tapé sur le téléphone pour qu’elle le lâche…

- Et les traces ? a relevé le magistrat.

- Je ne sais pas.

- Comment peut-on comprendre pareil mode de vie entre vous deux ?

- Je ne veux pas faire du tort à cette dame. Je ne lui ai jamais reproché de vivre sa vie si elle le désirait. Comme je ne déteste pas les enfants. Mais celui-ci a été conçu par un étranger…

- Quel est l’avenir de votre couple ? Du nouveau-né ?

- J’ai mis un couvercle sur ma vie privée et je prends mon mal en patience. Elle a trouvé un géniteur en Russie. Comment cela va-t-il fonctionner légalement ? C’est un échec ! Ça n’a pas de sens ! »

C’est toutefois une source d’inspiration différente pour la conjointe : « - Je cherche un appartement, car je n’ai jamais renoncé au divorce. Mais sans travail, c’est difficile…

- Pourquoi maintenir cette union ? a demandé le président. Quand un couple n’existe plus, ne s’adresse plus la parole, il crée une ambiance propice aux tensions. Que demandez-vous ?

- Je ne demande rien, implore à chaudes larmes la victime. Je crains pour le bébé. Je suis toute seule dans la vie et il me tape avec le parapluie… »

Les pleurs accompagnent son récit à plusieurs reprises.

"Il feint d'ignorer la grossesse"

D’emblée, le parquet n’oublie pas de rappeler une priorité très active en Principauté : la protection des femmes victimes de violences.

« Cette femme, accompagnée d’une représentante de l’AVIP (2), a déposé plainte quatre heures après le drame, note le substitut Maxime Maillet. Le prévenu feint d’ignorer la grossesse de son épouse. Comment peut-on le croire ? Des relevés de la CCSS et des photos l’ont informé de son état. Le jour des faits, cet individu est rentré à 13 heures. Agacé, il jette le chargeur et des yaourts contre le mur parce qu’il regarde la télévision. Son épouse s’est mise sur son lit de camp pour écouter de la musique. Or, cela le dérangeait car c’était l’heure de sa sieste. Il lui a donné des coups avec un parapluie. Pourquoi nier ces violences ? La dénonciation de cette femme est constante et sans calcul. Elle ne demande rien à l’audience. Monsieur encourt dix ans pour s’être montré très virulent envers cette femme. Condamnez son comportement par six mois d’emprisonnement, dont cinq avec sursis. »

Le tribunal a réduit la peine à trente jours assortis du sursis

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