A Monaco, l'auxiliaire de vie a-t-elle escroqué un retraité sous tutelle de 15.000 euros ?

Une quinquagénaire est soupçonnée d’avoir détourné pendant plusieurs mois de l'argent sur les comptes d’un retraité. Dépendant, il aurait été escroqué de 15.000 € par son auxiliaire de vie

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Jean-Marie Fiorucci Publié le 02/11/2018 à 07:19, mis à jour le 04/11/2018 à 09:02
Image d'illustration d'une personne âgée. Photo Eric Ottino

Un problème, extrêmement complexe, du rapport entre logique et "pratique mathématique" a été abordé par le tribunal correctionnel de Monaco. Il concerne une auxiliaire de vie employée par une société monégasque de services à la personne de la Condamine.

La quinquagénaire est soupçonnée d’avoir détourné, entre septembre 2015 et avril 2016, la somme de 15.316 euros sur les comptes d’un retraité dépendant de la Principauté dont elle s’occupait.

Cette femme devait comparaître à l’audience. Mais tout laissait supputer son absence. Car la prévenue avait carrément disparu de la région depuis son interrogatoire à la Sûreté publique.

Les faits ont été dénoncés par la fille de la victime, très âgée et placée sous tutelle, au cours de son dépôt de plainte. Plusieurs retraits d’argent et des montants de chèques litigieux apparaissent sur les relevés bancaires de la Banque postale et du CFM. Ils ne correspondaient pas aux dépenses courantes.

"Tout avait été fait avec l’accord de la famille"

Une enquête était ouverte et l’aidante convoquée dans les locaux de la rue Suffren-Reymond pour s’expliquer. D’emblée, elle réfutait toute intrigue devant les inspecteurs. Ses agissements ne laissaient rien au hasard. Il y aurait eu un accord verbal avec le retraité pour le règlement des heures supplémentaires au black! Alors, toutes ces ponctions seraient des paiements de droit. Voire des dédommagements!

En fait, cette "brave dame" se servait directement dans les économies du bénéficiaire de services. Avec d’autant plus de facilité qu’il lui aurait remis sa carte bancaire avec le code afin de faciliter le paiement des achats quotidiens. Au cours de la phase d’instruction, en l’absence de la mise en cause et de la partie civile, le président Jérôme Fougeras Lavergnolle a commenté l’interrogatoire dressé par les policiers.

"Un chèque de 3.800 euros est encaissé aux intérêts de la nièce de la prévenue. Un autre de 4.300 euros est versé sur le compte de l’intéressée. La fautive a affirmé que tout avait été fait avec l’accord de la famille et elle n’avait jamais abusé de la faiblesse du personnage…"

"Je lui avais demandé de me faire crédit"

Dans les propos de l’auxiliaire de vie, on note également qu’elle aurait retiré seulement l’argent qui lui revenait des heures supplémentaires. Soit des sommes de 20 euros à 400 euros.

"L’ensemble était consigné dans un carnet de bord, déclarait-elle aux enquêteurs, et en toute transparence. Je savais bien que les chèques laissent des traces. Je remplissais chaque fois le formulaire et Monsieur le signait. La somme de 3.800 euros? C’était pour m’acheter une voiture. Je lui avais demandé de me faire crédit et de le lui rembourser chaque mois. Une relation de confiance s’était instaurée. Le retraité avait d’ailleurs demandé que je revienne quand la collègue qui me précédait était partie."

Le magistrat regrette les diverses absences à l’audience et le manque d’audition du plaignant. "Malvoyant, avec des capacités cognitives au plus bas, gravement dépressif, des idées suicidaires, il lui était très difficile de répondre au moindre interrogatoire. La prévenue faisait un décompte journalier de ses heures supplémentaires notifié sur un calepin pour se justifier envers la famille. On ne l’a jamais retrouvé. Elle n’a jamais été condamnée"

"Ses explications sont fantaisistes"

Les explications fournies aux policiers n’ont pas plus convaincu le procureur Alexia Brianti.

"Vulnérable, le malade lui faisait une totale confiance. Madame était la référente principale, présente et disponible. Mais à quel prix! 14.150 euros de chèques; 5.560 euros de retraits par carte bleue; 1.116 euros d’achats divers. Après un petit calcul sur un total de 15316 euros cela fait du 3.284 euros mensuel. Or, comparé aux paiements des heures supplémentaires, entre 800 euros et 1.000 euros par mois d’après la prévenue, on ne devrait pas excéder les 5.000 euros en totalité."

Les réquisitions étaient ponctuées par une peine "d’un an ferme et mandat d’arrêt afin que cette dame rende des comptes devant la justice monégasque. Car elle a largement profité de l’état influençable et vulnérable du retraité. Ses explications sont fantaisistes et aujourd’hui elle a disparu. Son comportement est inacceptable"

L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au mardi 20 novembre, à 9 heures.

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Monaco-Matin

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