Cette affaire devait conduire à la barre du tribunal correctionnel un Mentonnais de 66 ans pour violences ayant entraîné une incapacité totale de travail de trois jours. Mais le prévenu est absent. En revanche, la victime est devant les juges pour obtenir réparation d'un préjudice qu'elle à grand-peine à évaluer.
L'affaire montre qu'il y a souvent des claques qui se perdent… Comme ce 25 février dernier. Un camion de livraison gène la circulation dans une artère principale de Monte-Carlo. Un automobiliste déporte son véhicule sur la voie de gauche pour éviter de bloquer le trafic.
À cet instant, arrive un scooter conduit par la victime. Le choc est évité de justesse. Aucun accident ni blessé. Mais les choses n'en restent pas là : le ton monte, les insultes suivent, la violence emboîte les gestes ! Une gifle part quand le prévenu est encore au volant. Le soufflet déclenche aussitôt une sorte d'aversion instinctive : l'automobiliste riposte par un coup-de-poing en pleine figure…
"Parole contre parole"
Le président invite le plaignant à venir à la barre pour donner sa version des faits. "Déjà traumatisé par un chauffard lors d'un précédent accident, raconte-t-il, et avec de lourdes séquelles, d'être frappé de la sorte m'a choqué. Je suis handicapé… L'homme s'est ensuite échappé. D'autre part, comme je travaille dans le monde du luxe, je ne pouvais pas me présenter à mon poste avec un œil au beurre noir…"
Quand le magistrat lui demande la somme réclamée en tant que partie civile, la victime avoue ne pas savoir "quantifier le préjudice" et annonce "au hasard le montant de 1.000 €".
Pour le premier substitut Olivier Zamphiroff, "cette affaire n'aurait jamais dû aboutir devant ce tribunal. Avec trois appréciations différentes, on en vient à des insultes, à une algarade! Une gifle? Une pichenette? On ne sait pas vraiment. C'est parole contre parole… Comme il n'y a pas de préjudice important, vous sanctionnerez par une amende de 400 €". Le tribunal dépassera largement les réquisitions du ministère public.
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