À Monaco, pas question pour la justice d'osciller entre « y a qu'à » et « faut qu'on » en matière de conduite sous l'empire d'un état alcoolique (CEA). Ses méthodes sont catégoriques. Dès l'apparition du taux délictuel, la sanction tombe, encore plus sévère pour les récidivistes. Mais le pouvoir judiciaire n'oublie pas de faire preuve d'humanité dans tous les cas.
Un plombier portugais de 33 ans, célibataire et sans enfant, a été interpellé, le jeudi 11 août, vers 3 heures, sur le boulevard Albert-Ier, parce qu'il roulait à vive allure. Le policier remarque très vite que l'homme au volant est ivre.
Il est conduit dans les locaux de Sûreté publique, tout proche, pour un contrôle d'alcoolémie : 1,01 mg d'alcool par litre d'air expiré (délit à partir de 0,25 mg/l).
« J'aurais dû prendre le train »
« Que pensez-vous de votre attitude ? Vous étiez encore en phase montante, rappelle le président Florestan Bellinzona. Qu'aviez-vous bu pour en arriver à pareil état ? » Le prévenu raconte qu'il a passé la soirée chez des amis à Cap-d'Ail. « J'y suis allé vers 18 h 30 pour un dépannage. Pour me remercier, on a trinqué et j'ai bu au point de n'avoir aucune souvenance sur le nombre de verres avalés… Je le reconnais, j'aurais dû prendre le train, mais quand l'heure est tardive, il n'existe plus aucun convoi pour regagner mon domicile à Menton… »
Conduite rigoureuse à Monaco
Le président note une condamnation en France le 22 décembre 2014 pour une infraction identique avec suspension du permis de conduire.
Quant au procureur général Jacques Dorémieux, il a mis l'accent sur une conduite rigoureuse obligée sur un réseau routier monégasque au relief sinueux et étroit. « Il faut être en pleine possession de ses moyens pour prendre le volant en Principauté. Des accidents, souvent mortels sont à déplorer. Ce contexte, Monsieur doit le comprendre. Avec un tel taux, quelle que soit l'heure, le commun des mortels est en danger. Sans omettre que cette menace qui compromet la sûreté, comme l'existence d'une personne, s'applique aussi à lui-même. » Le magistrat ponctuera ses réquisitions par une peine de huit à quinze jours de prison ferme et une contravention à 35 €.
Sans défenseur, le détenu portugais mettra en exergue sa « première condamnation à Monaco » et lancera à la collégiale correctionnelle : « J'ai un travail, je ne voudrais pas le perdre. » Le tribunal traitera le coupable avec humanité en le condamnant une peine d'un mois de prison ferme avec le bénéfice de l'exécution fractionnée. C'est-à-dire que pendant trente jours, le prévenu se rendra à la maison d'arrêt tous les week-ends.
commentaires