Crâne rasé, yeux cernés et tête rentrée dans les épaules, David Mathieu, 39 ans, marmonne dans sa barbe: "Je n’avais aucune raison..." Après deux jours de procès devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes, il ne peut expliquer l’étranglement fatal de Denise, sa logeuse, dans un appartement du chemin de l’Hubac, dans la nuit du 3 au 4 mai 2020, à Mougins. Cette femme bienveillante l’avait accepté comme colocataire pour des raisons financières.
Fabien Cézanne, l’avocat général, et Me Brigitte Vitto, la partie civile, sont persuadés que le crime a été prémédité. "En garde à vue, l’accusé a avoué avoir cherché sur Internet le meilleur moyen de tuer quelqu’un sans arme à feu", rappelle Me Vitto. David Mathieu nie mollement. Il a effacé les recherches de sa mémoire et de son téléphone.
Précédente tentative d’étranglement
Ses employeurs successifs ont décrit un homme mal dans sa peau qui donnait satisfaction. A contrario, ses anciennes compagnes ont brossé le portrait d’un pervers violent. Tremblante à la barre, Audrey témoigne avoir subi une tentative d’étranglement en 2013 qui fait écho au drame de Denise: "Il l’a tuée comme il a essayé de me tuer", affirme-t-elle, bouleversée. "Il voulait déménager. Je ne voulais pas. Il m’a frappé la tête contre le mur. Sept jours plus tard, comme je lui refusais 20 euros pour son cannabis, il a essayé de m’étouffer sur le lit."
Le lendemain, elle changeait les clefs du trousseau pour qu’il ne puisse plus rentrer au domicile. "Pour moi, c’est un danger pour la société. J’ai alerté beaucoup de monde sur sa dangerosité. Je ne suis pas psychologue, poursuit Audrey, mais faire du mal aux autres lui donne du plaisir. C’est très dur d’être contrainte de le revoir."
Tyran domestique
David Mathieu apparaît au fil des témoignages un homme tourmenté et un tyran domestique. Jennifer, entendue en visioconférence, est terrorisée à l’idée qu’il puisse sortir un jour de prison: "Une fois que j’ai accouché de notre fille, ça s’est mal passé. J’avais mis de l’argent de côté pour la naissance. Il l’a volé et m’a mis un coup de tête." "Pensez-vous qu’il a un trouble de la personnalité", questionne Me Florian Abassit, avocat de l’accusé. "Il sait très bien ce qu’il fait, rétorque l’ex-compagne. Il peut exploser pour un oui pour un non."
Céline a également partagé la vie de l’accusé. Elle admet, tétanisée, la gorge nouée, avoir vécu sous son emprise, coupée de sa famille qui voyait cette liaison d’un mauvais œil. Elle se souvient qu’à deux reprises, il l’a frappée.
La présidente Emmanuelle De Rosa demande à l’accusé de réagir aux dépositions peu flatteuses qui se succèdent: "Je préfère me taire que dire des méchancetés." Avant que l’accusation, ce mercredi, ne requière une peine qui peut aller jusqu’à la perpétuité, Me Brigitte Vitto a plaidé ce mardi soir pour les proches de Denise, sans la moindre concession pour David Mathieu, qualifié de "bourreau qui adonné la mort à la seule force de ses mains. Denise s’est débattue mais il n’a jamais renoncé."
"Je n’avais rien à reprocher à Denise, a admis l’accusé. Elle était comme une deuxième maman." La première l’avait maltraité alors qu’il était nourrisson. Il en porte encore les cicatrices sur son crâne et a été élevé par une famille d’accueil. Le verdict est attendu ce mercredi.
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