Les pompiers azuréens

600 pompiers des Alpes-Maritimes ont provoqué une belle pagaille, hier, sur l'A8 à l'ouest de Nice. Ils protestaient contre le préfet qui s'oppose à la diminution de leur temps de travail

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Publié le 23/02/2016 à 05:13, mis à jour le 23/02/2016 à 05:13
La grogne latente des soldats du feu s'est soldée, hier, par un défilé qui a bloqué l'A8 et le CADAM.
La grogne latente des soldats du feu s'est soldée, hier, par un défilé qui a bloqué l'A8 et le CADAM.

Un panache de fumée noire s'élève dans le ciel de Nice et lèche la façade d'un immeuble du Cadam, le centre administratif qui abrite la préfecture. Des pneus brûlent, des pétards explosent tandis que la circulation, dès 10 h lundi matin, devient problématique sur l'autoroute A8 entre Saint-Laurent-du-Var et les quartiers ouest de Nice.

Plus de 600 sapeurs-pompiers azuréens (sachant que 250 sont de garde), bottés, casqués, tout de cuir vêtu, réussissent une démonstration de force et en promettent d'autres.

Depuis samedi, ils se sont déclarés officiellement en grève illimitée. Et cette grogne latente depuis des mois s'est concrétisée hier par une belle pagaille sur l'autoroute.

Fermeté du préfet

Ils avaient obtenu du conseil d'administration du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours) de ne plus travailler 94 fois 24 heures par an mais 81 fois. Soit 1944 heures travaillées « payées 1 607 », précisent les manifestants.

Le préfet s'y est opposé, estimant cette réduction du temps de travail illégale. Et la juridiction administrative en première instance et en appel a donné raison au représentant de l'Etat.

Lors d'une rencontre le 12 février dernier, le préfet a réaffirmé sa fermeté sur ce sujet.

Malgré leur déconvenue juridique, les sapeurs-pompiers professionnels azuréens ne désarment pas et exigent un nouveau régime de garde.

André Goretti, l'influent président national et départemental de la Fédération autonome SPP-PATS (syndicat ultra-majoritaire des sapeurs-pompiers), mégaphone en main, exulte : « Il n'y a jamais eu autant de sapeurs-pompiers sur une manifestation locale. » Tout en exhortant aussitôt ses troupes : « Nous devons rester mobilisés. »

Le conseil d'administration du Service d'incendie et de secours des Alpes-Maritimes se réunira début mars et étudiera à nouveau sur le sujet épineux du temps de travail des pompiers. Un sujet pour lequel les soldats du feu azuréens sont à la pointe du combat : « Depuis 2014, nous tentons de répondre à une injonction, à une mise en demeure de l'Europe avec un plafond d'heures supplémentaires de 2 256 heures, souligne André Goretti. Contrairement à ce que dit la préfecture, le tribunal administratif ne s'est pas prononcé sur le fond et le préfet refuse d'admettre que sa vision du temps de travail conduit à une désorganisation. Cela va à l'encontre des droits des fonctionnaires territoriaux dont font partie les sapeurs-pompiers professionnels. »

Selon les manifestants, certains SDIS ont adopté des régimes de travail similaires à celui des A.-M. Sans que ceux-ci n'aient été retoqués dans le cadre du contrôle de légalité.

La préfecture oppose, elle, que la juridiction administrative a également annulé la réduction du temps de travail des pompiers de la Somme.

En filigrane, c'est un bras de fer entre le préfet Adolphe Colrat et le président du SDIS Eric Ciotti qui se joue avec un débat sur la libre administration des collectivités territoriales. Un autre conflit sur la nomination du directeur du SDIS depuis le départ du colonel Bauthéac est toujours en cours entre le préfet et le président Ciotti.

Des personnels des salles opérationnelles où convergent les appels du 18 sont également en grève illimitée. Depuis quelques années, ces postes d'opérateurs, auparavant réservés aux pompiers professionnels, se sont ouverts à des agents issus des filières administratives et techniques. André Goretti a rappelé hier que la loi interdit à ces personnels d'exercer une activité opérationnelle dépassant 50 % de leur temps de travail. D'où la demande du syndicat d'intégrer ces agents au corps des sapeurs-pompiers. Pour l'instant, la négociation sur ce point est aussi au point mort.

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