Le futur siège d’UBS à Monaco primé pour son écoconception

La villa Belgica, érigée au XIXe siècle avenue de Grande-Bretagne, se veut une "synthèse entre architecture et confort thermique". Une conception en or selon le label "Bâtiments durables Méditerranéens"

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Thomas Michel Publié le 02/07/2020 à 10:56, mis à jour le 02/07/2020 à 10:56
Déjà fermé au public, le siège d’UBS Monaco devrait se draper d’une impressionnante enveloppe en verre. Photos JFO et Atelier Jean Nouvel

C’est un projet en or vert. Ce mardi, la commission BDM-BD2M (Bâtiments durables méditerranéens et son pendant monégasque) a gratifié le cahier des charges de réhabilitation du siège de la banque UBS, avenue de Grande-Bretagne, d’un label Or obtenu "haut la main".

Le jury accordant la note finale de 89/100 à la phase de conception réunissant notamment les ateliers d’architecture Jean Nouvel et Alexis Bianchi (AB Architecture).

Érigée en 1899, la villa Belgica avait été rénovée et surélevée à deux reprises - avec plus ou moins de succès esthétique - au milieu du XXe siècle. Cette fois, la mue sera littérale puisque la bâtisse va revêtir une seconde peau ! Tout en exhumant ses charmes d’antan.

"Dispositif soigné
et complexe"

Le chantier d’UBS, confié au Groupe Michel Pastor, devient le premier projet BD2M sous maîtrise d’ouvrage privé en Principauté.

Au-delà des perspectives de confort pour l’accueil de sa clientèle privée, la banque a manifesté la volonté de créer un immeuble de bureaux durable.

Et pas seulement: le jury a ainsi apprécié que l’actuelle phase de conception intègre la possibilité d’une autre destination à l’avenir. En l’occurrence, des logements.

Lancé en 2015, le projet de restructuration de la villa Belgica a abouti à une première version en 2017, avant d’être chamboulé, en 2019, avec l’arrivée de la démarche BD2M, inspirée par l’association EnvirobatBDM et soutenue par la Mission pour la transition énergétique, dans le paysage monégasque.

Une mise à jour du permis de construire (en cours d’instruction) avec "de grosses incidences".

Principale contrainte: maintenir et restaurer la façade historique.

La "purger" pour ne conserver que ses aspects "remarquables", détaillent les acteurs du projet, évoquant une "façade à technologie contemporaine" avec une "enveloppe extérieure".

Une seconde peau régulatrice qui joue le rôle de "filtre solaire, mais aussi contre le vent et les éblouissements, et régule l’air par ses ouvrants".

Sa singularité? Une sérigraphie "cartographiée sur les besoins de protection solaire".

"Un dispositif soigné et complexe formant une synthèse entre architecture et confort thermique", pour lequel la commission a tout de même pointé un axe d’amélioration: l’impact carbone de cette structure en verre et la "faible part d’écomatériaux" utilisés pour la façade.

Bonus pour l’isolant

Vitrine de la démarche "confort été", l’enveloppe extérieure sera couplée à la création d’une climatisation naturelle avec notamment 65% d’ouvrants sur chaque plateau intérieur.

Le but, permettre des courants d’air traversants. Une surveillance de la qualité de l’air sera possible à terme, comme la possibilité de détecter une fuite d’eau sur l’alimentation générale. Un travail d’isolement acoustique est également mené.

En termes d’isolement, le choix de panneaux thermo-acoustiques en paille de riz de Camargue comme isolant a valu l’octroi de points bonus au projet devant la commission. "ça n’aurait pas été validé par le BDM mais par le BD2M, oui, car c’est une première en surélévation à Monaco."

Le jury insistant sur sa conscience du contexte local. Celui d’une parcelle contrainte, typique du mille-feuille immobilier local.

Escalier monumental

Des contraintes qui relativisent une autre point faible, le peu d’espaces végétalisés. Même si la société azuréenne Agipit 06 s’est montrée inventive dans les jardinières du rez-de-chaussée et des toits terrasses.

"La végétation a été réfléchie pour limiter l’apport en eau et l’entretien", avec un clin d’œil croisé à l’histoire de Monaco et à l’activité bancaire par la plantation de caroubiers.

"L’emblème de Monaco dont la graine était utilisée pour étalonner le carat." Autant d’infos portées sur de futurs panneaux pédagogiques.

Enfin, l’une des pièces maîtresses sera l’escalier monumental qui forme le « nouveau noyau » de la villa. Un escalier à double circonvolution.

Pour répondre à un "besoin électrique faible", le pari d’un éclairage intégralement LED a été fait. Quant à la toiture, elle accueillera 41 panneaux photovoltaïques en autoconsommation.

Les travaux s’étaleront sur deux ans à partir de décembre 2020 sur une surface de 1.404 m2.

Les travaux devraient débuter en décembre 2020, sous réserve d'acceptation du permis de construire. Photo JFO.

Un modèle d’insertion socio-économique

Des déchets limités grâce à la technique du préfabriqué, la réutilisation de marbre d’autres chantiers de Monaco pour façonner le Terrazzo, unediminution de l’empreinte carbone de l’ordre de 50% sur le lot second œuvre…

L’expertise BD2M a permis aux acteurs du projet de rendre une copie vertueuse.

"Monaco place la barre très haut", juge Patrick Sauvage, architecte et président de la commission, évoquant la "cohérence globale" et "la montée en puissance essentielle" à la réalisation.

Au-delà des prouesses techniques, le label BD2M se veut aussi exemplaire en matière d’insertion.

L’insertion sociale est à l’étude par le biais d’une plateforme dédiée à l’emploi.

L’insertion économique est déjà effective, puisque les artisans monégasques et azuréens forment l’essentiel des acteurs du projet.

L’insertion dans le décor n’a pas été négligée non plus.

Ainsi, le 4e étage, "défavorable en termes d’accès à la lumière naturelle", sera optimisé en niveau technique, "libérant la toiture d’éléments disgracieux".

Enfin, les collaborateurs d’UBS auront leur mot à dire. "Nous sommes d’ores et déjà à l’étude sur la mise en place de mobiliers et matériels informatiques de faible consommation", assure Laurent Vial, chef de projet pour UBS.

Un guide d’usage associera d’ailleurs les salariés.

Une enveloppe de verre sérigraphiée sera apposée autour du bâtiment du XIXe siècle. Atelier Jean Nouvel.

"Une démarche globale" dans une Principauté qui vise la neutralité carbone à horizon 2050

On le sait, Monaco vise la neutralité carbone en 2050.

Au cœur de la nouvelle réglementation énergétique, le pôle Bâtiments, qui représente plus de 30% des émissions de gaz à effet de serre en Principauté, vit donc une révolution.

Les entrepreneurs jouent le jeu et l’État soutient financièrement la mise en œuvre des audits énergétiques et le développement des énergies renouvelables, notamment par la démarche BD2M soutenue par la Mission transition énergétique.

"Des avancées notables"

"Nous nous réjouissons de ce premier projet privé BD2M", confie sa directrice, Annabelle Jaeger-Seydoux, qui "salue une équipe très motivée et engagée sur les différents sujets de cette démarche globale".

"La prise en compte de BD2M a permis des avancées notables, se félicite la directrice. Notamment sur le confort d’été du bâtiment, les performances énergétiques ou encore celle des éco-matériaux en second œuvre (cloisons et portes en bois, fermacell, isolant paille de riz, faux plancher de réemploi, Terrazzo à la place du marbre, enduit à la chaux sur certains murs, moquette recyclée en partie, bois sur les terrasses – robinier –, etc.)"

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