Au fil des 160 pages de cet ouvrage écrit par Stéphane Lamotte, professeur agrégé, docteur en histoire et secrétaire du Comité de commémoration Albert Ier, le lecteur pourra retracer les grands voyages du souverain, lui qui était connu et reconnu comme étant un grand navigateur animé par un idéal de paix et de justice. Monaco et la France d’abord. Portugal et Norvège ensuite. Le Maroc, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, les États-Unis.
Publié à l’occasion du centenaire de la disparition du prince en juin 1922 et magnifiquement illustré par des photos d’archives parfois inédites, l’œuvre comporte également des discours, des croquis, des cartes, des extraits de son livre La Carrière d’un navigateur et des correspondances qui appartenaient au prince. Entretien avec son auteur, Stéphane Lamotte.
Comment est née l’idée de ce livre?
Nous préparons cette année commémorative depuis deux ans. Pour qu’il reste quelque chose après, nous avons pensé à ce beau livre. La réédition de La Carrière d’un navigateur, avec une édition anglaise inédite ainsi que la publication du journal autographe du prince sont également des projets éditoriaux majeurs inscrits dans cette commémoration.
Vous contournez la chronologie pour raconter l’histoire du prince au travers des lieux qu’il a visités...
Des livres chronologiques existent déjà... En 2022, on a voulu, avec l’éditeur La Martinière, jouer avec le double sens du mot monde, qui peut être un univers, une passion. Ses engagements sont ainsi racontés au fil des espaces et des lieux où il s’est rendu.
Comment et où avez-vous sélectionné les archives présentes?
C’est un panachage. Elles proviennent des archives du Palais, de l’institut audiovisuel de Monaco, du Musée océanographique et d’archives privées. On a fait le choix d’un équilibre entre les images connues, incontournables parce qu’elles font partie du patrimoine – comme celle où on le voit sur la passerelle du yacht Princesse Alice II. D’autres images, en revanche, sont plus inédites. Comme celle d’une discussion animée entre le prince et l’empereur allemand Guillaume II à Kiel en 1907 ou celle, prise en 1920 à Washington, sur laquelle il est un peu âgé, un peu triste, mais qui, en même temps correspond parfaitement au discours qu’il prononce sur l’océan.
Ce discours sur la protection des océans était d’ailleurs très moderne...
Depuis sa plus tendre enfance, le prince Albert Ier est au contact de la nature, il pratique le sport, l’exercice physique.... Et la chasse. On est dans une autre époque, c’est un sport aristocratique. Mais tout en étant chasseur, il voit les limites de la chasse; il critique la chasse excessive, le braconnage. En fin de vie, il voit aussi les limites de la surpêche. Aux États-Unis, en 1913, il découvre les parcs nationaux. Il veut rapporter le concept en France.
Quels domaines vous ont particulièrement intéressés dans ces recherches?
Son engagement dans l’affaire Dreyfus d’abord avec la lecture des correspondances avec Joseph Reinach, Alfred et Lucie Dreyfus. Et son engagement dans le pacifisme, dès 1897. En 1902, il a aussi œuvré pour le congrès de la paix. En 1914, jusqu’au dernier moment, il tentait avec Guillaume II une médiation entre la France et l’Allemagne.
Les Mondes d’un prince. Stéphane Lamotte.
Éditions de La Martinière. 160 pages. 30 euros.
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