La première mobilisation contre la réforme des retraites le 19 janvier dernier a fait descendre dans la rue 1,12 million de manifestants selon le ministère de l'Intérieur, plus de deux millions d'après les organisateurs. Parmi eux, des jeunes --lycéens et étudiants-- étaient mobilisés, notamment derrière les organisations représentatives.
Mais l'ampleur du mouvement du côté de la jeunesse reste à ce stade "difficile à évaluer", selon des experts contactés par l'AFP.
"Le sujet des retraites ne mobilise que très rarement les jeunes car il s'agit d'un horizon beaucoup trop lointain, c'est très éloigné d'eux", affirme le sociologue Paolo Stuppia de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Pour son confrère Olivier Galland, directeur de recherche au CNRS, "il ne semble pas que la mobilisation des jeunes soit massive contre cette réforme". "Une partie des jeunes pensent même qu'ils n'auront pas de retraite", dit-il, ajoutant qu'en France, il y a selon lui "un pessimisme social extrêmement fort".
"Je soutiens le mouvement et les manifestants mais personnellement, je me sens à des années-lumière de la retraite et donc je ne vais pas dans la rue", confie Maël, 18 ans, étudiant en deuxième année de licence en mathématiques, informatique et applications (MIA) à l'université Tolbiac à Paris.
"C'est très difficile de se mobiliser à mon âge quand on ne sait même pas dans quel état sera la planète dans 10 ans", lance le jeune homme. "Et quand j'aurai l'âge de partir à la retraite, il n'y aura peut-être plus du tout de système de retraite", tranche-t-il.
Mais Selon Paolo Stuppia, le mouvement de contestation "n'en est qu'à son début. Il faut se souvenir qu'en 2006, les jeunes avaient mis du temps avant de se mobiliser fortement contre le Contrat première embauche (CPE)". Ce projet de loi à destination des moins de 26 ans avait entraîné de nombreux blocages de lycées et d'universités en mars et avril, avant d'être abandonné.
"Long terme"
Ces derniers jours, de Toulouse à Paris en passant par Strasbourg, des assemblées générales se sont organisées dans les universités pour tenter de mobiliser au maximum la jeunesse.
"L'objectif de ces réunions a été d'évoquer la pertinence du lien entre la jeunesse et les retraites, en abordant les points comme l'âge de départ ou encore la misogynie qui en découle", explique Léonard, 21 ans, militant au NPA Jeunes et étudiant en sciences sociales à Paris 1.
Une intersyndicale regroupant des organisations étudiantes telles que l'Unef, la Fage, l'Alternative ou les jeunes écologistes, a appelé vendredi dans un communiqué "les jeunes à se mobiliser massivement mardi", disant "ne pas accepter de vivre dans une société qui offre à la jeunesse pour seule perspective la précarité".
Du côté lycéen, une intersyndicale regroupant La Voix Lycéenne, la FIDL ou le MNL a appelé dans un communiqué aux blocages et à la mobilisation mardi, qui selon elle "s'annonce être d'une ampleur historique" après celle du 19 janvier.
Pour Olivier Galland, "il ne faut pas confondre les organisations de jeunesse et les jeunes. Elles sont très peu représentatives", estime le sociologue, selon qui "les taux de participation aux élections universitaires sont très faibles".
"L'idée est de construire le mouvement sur le long terme, en ramenant de plus en plus de personnes à chaque manifestation, à travers le bouche à oreille", anticipe Colin Champion, président de l'organisation La Voix lycéenne.
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