Hier matin, devant le magasin Carrefour de Fontvieille. Alors que se déroule comme d'habitude un va-et-vient incessant de caddies, depuis sept heures du matin plus d'une centaine d'employés de Carrefour donnent de la voix pour faire entendre leurs droits.
Sous le regard des agents de sécurité, ils brandissent des banderoles et crient « salariés non couverts, salariés en colère ! » « Salariés Carrefour ! Précarisés ! Discriminés ! » « Touche pas à mes acquis ! « Stop au chantage oui au dialogue ! ».
Revendications salariales et sociales
« C'est un magasin qui fait des millions de bénéfices, c'est actuellement l'hypermarché le plus rentable en France. Et pendant ce temps on propose à ces travailleurs neuf euros d'augmentation par mois. On se moque de qui ? » s'insurge Gilles Hugolini, représentant de l'Union des Syndicats de Monaco qui est venu soutenir les salariés de Carrefour Fontvieille.
De plus, à cause des baisses d'effectifs et des caisses automatisées, le magasin est passé de 380 à 290 salariés en seulement un an. Et la crainte de se voir bientôt remplacés par des machines est bien réelle chez ces grévistes.
Et il n'y a pas que du côté des salaires que ça coince. Les revendications touchent aussi la couverture sociale. « Ici, à Carrefour Fontvieille, on ne bénéficie pas de compléments de salaires pour maladies ou accidents. Alors que les autres salariés de l'enseigne Carrefour en France disposent de ces avantages. La direction se justifie en disant que cette mesure favoriserait l'absentéisme », proteste Ben Hamiga, salarié gréviste et délégué du personnel.
« Des pressions sur les salariés »
Hier, seul un tiers des employés étaient en grève. Mais selon les grévistes présents, il y aurait eu de la part de la direction « des pressions sur les salariés pour venir au travail ».
« Les cadres intimident beaucoup. C'est facile avec les CDD et les plus faibles. Les gens sont à bout. Ce matin ce sont les intérimaires du nettoyage qui remplaçaient les grévistes. C'est illégal. Aujourd'hui c'est une grève sans précédent. On en a plus qu'assez » s'énerve Ben Hamiga.
Grégory Bernonvile, également salarié gréviste et délégué du personnel résume alors la situation : « C'est le ras-le-bol général et les causes sont simples : salaires inférieurs à tous les autres Carrefour, pas de complément de paye en cas d'arrêt de moins de trois jours, baisse des effectifs, pressions mentales et conditions de travail inadmissibles. La direction par contre a tous les avantages ».
« Cela fait déjà trois ans que nous avons les mêmes revendications. Nous sommes les seuls employés de Carrefour à être traités comme ça. Ce magasin c'est la poule aux œufs d'or et nous, on n'en voit pas la couleur », s'exclame Ben Hamiga.
Malgré de multiples sollicitations, la direction de l'enseigne n'a pas souhaité s'exprimer sur ce mouvement social.
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