Toutes les personnes interrogées qui gravitent autour de ce dossier sont unanimes : une telle alliance de syndicats, c’est du jamais-vu. Ou presque, dira-t-on pour la forme, des fois qu’on en ait oublié une.
Cette fois, c’est au sein du groupe Société des Bains de Mer que les dix-huit syndicats se sont alliés pour rédiger un communiqué de presse qui dénonce les conditions de départ proposées aux salariés, qui sont jugées "non satisfaisantes".
En effet, agissant essentiellement dans le domaine du tourisme, la SBM a subi de plein fouet les conséquences de la première et de la deuxième vague de la crise sanitaire, alors qu’elle venait juste de sortir la tête de l’eau, après des années de bilans financiers négatifs.
Résultat: 25 millions d’euros d’économies nécessaires, incluant des suppressions de postes. "Il faut que cela se passe dans le meilleur esprit possible. Ce sont des moments très très difficiles. Nous allons essayer de faire du mieux possible pour tout le monde", déclarait Jean-Luc Biamonti début octobre, à l’annonce du premier plan social de l’histoire du groupe.
Contre-proposition
Maintenant que les détails du plan ont été annoncés aux salariés, ces derniers estiment qu’elles sont encore trop douloureuses. "Les 18 syndicats de la SBM ont su travailler ensemble et s’unir dans un seul but : déployer une contre-proposition commune, responsable et soucieuse de remercier un parcours professionnel au service de l’entreprise", déclarent-ils.
Car c’est bien là que le bât blesse : ils estiment ne pas être suffisamment "remerciés", mais plutôt être carrément virés.
Ainsi, ils demandent une revalorisation des indemnités de départ, particulièrement pour les plus bas salaires. "En ces temps si troublés, les plus vulnérables ne doivent pas être sacrifiés sous prétexte de vouloir réaliser des économies budgétaires."
La contre-proposition mentionne qu’ils "désirent ardemment être indemnisés sans distinction d’origine et/ou d’hétérogénéité conventionnelle".
Ils demandent également une aide à la création d’entreprise. En clair : plus de sous, pour tout le monde. Par ailleurs, ils affirment avoir formulé à la direction des propositions visant à éviter les licenciements contraints.
Pour autant, l’intersyndicale estime avoir trouvé porte close : "Cette contre-proposition a été remise en main propre au directeur des ressources humaines en date du 17 novembre 2020. Néanmoins ce dernier n’a pas jugé utile d’engager de négociation à cet effet. Ce qui aurait pourtant eu le mérite de maintenir une certaine forme de "paix sociale"."
Cela signifierait-il la guerre?
Malgré "de nombreux effort consentis par les salariés – pertes financières conséquentes pendant plusieurs mois dues au CTTR, fermeture de certains casinos, non-renouvellement de certains postes, suppression de certaines pauses, non-respect des 10 heures de battement sur certains services, non-respect de plusieurs conventions collectives", les salariés s’estiment donc méprisés, et annoncent qu’ils "ne peuvent continuer les négociations avec un interlocuteur qui ne joue pas son rôle, à savoir assurer un bon climat de dialogue social et protéger les salariés".
Bonus vs plan social
Cerise sur le gâteau, les syndicats dénoncent l’absence de solidarité du comité exécutif. Si Jean-Luc Biamonti, le président délégué, a accepté de baisser de 30 % sa rémunération – elle avoisinerait le million d’euros annuels –, le reste du comité n’aurait consenti qu’un "seul geste" : le report du versement de certains bonus, initialement prévu en avril 2020.
"Ironie du sort, notent les syndicats, le versement de ce bonus est intervenu le mois où le DRH a présenté aux représentants des personnels un plan social…"
Sollicité, le groupe nous a fait parvenir la réaction suivante : "La Société des Bains de Mer, dans un processus de dialogue avec les représentants du personnel qu’elle considère comme constructif et efficace, finalise actuellement la partie "Plan de départ volontaire" du Plan de sauvegarde de l’emploi qu’elle a présenté au début du mois d’octobre 2020. À ce titre, la société ne souhaite pas polémiquer, considérant que les jours et semaines qui viennent seront essentiels, au travers de discussions et de négociations, afin de conclure le Plan de sauvegarde de l’emploi."
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