A l'approche du Grand Prix de Monaco, la DRH de la Société des Bains de Mer entend maintenir la paix dans un contexte social fragilisé

La directrice des ressources humaines à la SBM craint que certains syndicats incitent les salariés à débrayer. Sophie Vincent explique comment elle compte maintenir la paix sociale.

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Joelle Deviras Publié le 10/05/2022 à 11:15, mis à jour le 10/05/2022 à 11:06
Sophie Vincent: "Les partenaires sociaux sont vraiment des partenaires et non des adversaires." Photo Jean-François Ottonello

Avec ses 3.237 salariés, et bientôt quelque 4.200 pour répondre au surcroît d’activité de la période estivale, la Société des Bains de Mer doit poursuivre son activité dans une période sociale encore fragilisée.

Un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) et la crise sanitaire sont passés par là. Et Sophie Vincent, directrice des Ressources Humaines, s’attache à maintenir le dialogue social, pour que l’entreprise, les dix-neuf syndicats et l’ensemble des salariés travaillent dans la bonne direction.

Qu’en est-il du climat social après le débrayage, fin avril, de personnels des deux services sécurité et sûreté?

Ce débrayage a concerné une quarantaine de personnes durant trois heures. Nous avons conscience qu’il existe des difficultés sociales. Nous étions en discussion avec eux sur certains points et nous leur avions indiqué nos axes de travail. Aujourd’hui, nous continuons et des annonces seront faites d’ici fin mai.

Qu’est-ce qui va être amélioré pour les salariés?

L’indemnité "transport" revalorisée et étendue à tous les salariés éligibles est une vraie avancée. Elle ne concernait que le secteur hôtelier jusqu’à présent. Par souci d’équité, nous avons décidé de l’étendre à l’ensemble des salariés de la société, soit 2.200 personnes concernées au lieu des 1.200 jusqu’à présent.

Qu’est-ce que c’est exactement?

Les salariés, quel que soit leur salaire, dès lors qu’ils résident à plus de huit kilomètres de leur lieu de travail, auront une prime de 40 euros par mois, à partir du 1er juin, contre 33 euros auparavant. C’est une revalorisation de 21%.

Est-ce suffisant pour maintenir la "paix sociale"?

Nous sommes dans le souci permanent du maintien du dialogue social. C’est un des axes de ma feuille de route. Mon objectif est de travailler avec les partenaires sociaux, collectivement pour le bien de cette société. Nous sommes pleinement conscients qu’un PSE et une période de crise sanitaire laissent des traces. Et créent un sentiment de fracture sociale. L’objectif que m’a fixé le président délégué Jean-Luc Biamonti est de replacer le dialogue social au cœur de nos activités. Les partenaires sociaux sont vraiment des partenaires et non des adversaires.

Vous avez vu les dix-neuf syndicats?

Je les ai tous vus et les revois au moins une fois tous les trois mois.

Leurs sollicitations vous semblent-elles légitimes?

Il y a des demandes tout à fait légitimes. On doit pouvoir avancer et innover. La société évolue. On peut entendre aujourd’hui que certains métiers n’ont plus envie de faire la coupure entre deux services, ou avoir des jours fixes de congés.

Vous pensez à la restauration?

Oui par exemple. Ou il faut que l’on reconnaisse et que l’on compense cette difficulté pour ceux qui font les services du midi et du soir. Aujourd’hui, une grande partie de nos salariés n’ont pas le temps de rentrer chez eux. Nous essayons, quand c’est possible, de mettre en place des salles de repos. Nous concevons que ce n’est pas une qualité de vie optimale.

Comment comptez-vous travailler pour avancer sur ces questions?

Nous avons lancé un calendrier de rencontres avec différents syndicats pour avancer sur la coupure, le système de prime, la garantie annuelle de salaire.

Vous allez donner davantage de primes?

Selon les secteurs, il peut y avoir des primes pour récompenser une activité intense sur une période, comme la prime Grand Prix, dans l’hôtellerie pour les salaires fixes. Nous sommes conscients qu’il faut avancer sur le pouvoir d’achat et les conditions de travail des salariés. C’est notre rôle social, toute comme de leur garantir des conditions de travail de qualité et de haut niveau.

D’une manière générale, quels sont vos objectifs?

Il s’agit d’abord de répondre aux enjeux du recrutement car lorsque les équipes sont sous tension, la qualité de vie au travail et dégradée. Nous avons encore un avantage concurrentiel sur la France et un fort pouvoir d’attractivité par rapport aux frontaliers italiens. Mais nous sommes aussi en difficulté sur la prochaine saison. Aujourd’hui, il nous manque quelques dizaines de salariés dans les secteurs de la restauration, en salle et en cuisine.

La faute à la covid?

Il y avait déjà cette désaffection mais la crise sanitaire a accéléré cette tendance.

Embaucher, c’est bien. Encore faut-il que les salariés soient suffisamment satisfaits pour garder leur emploi…

C’est le deuxième objectif: fidéliser le salarié par des conditions de travail, du dialogue social, un salaire attractif, des conditions de vie au travail.

Vous avez d’autres axes de travail?

Un troisième et dernier oui: la formation et la mobilité. Nous créons un pôle formation mobilité carrière le 1er juin. C’est un axe qui m’est cher et qui est souhaité par le président Jean-Luc Biamonti également.

Est-ce que le télétravail est une proposition séduisante au regard des salariés?

Il ne concerne que les métiers administratifs et les services support. Nous avons multiplié par sept le nombre de télétravailleurs entre la période avant et après covid. Soit quasiment 150 salariés aujourd’hui.

Vous êtes-vous donné des échéances?

Nous avons fixé un calendrier de discussions avec les partenaires sociaux jusqu’à avril 2023. Certains travaux sont de longue haleine. Ils nécessitent du temps. C’est par exemple le cas de la refonte des grilles salariales. Le délai est mal vécu et les salariés peuvent avoir l’impression que l’on n’avance pas. Ce qui n’est pas le cas.

Les partenaires sociaux n’ont-ils pas besoin d’être davantage informés?

On admet qu’on a pu faillir sur la communication. Il faut savoir reconnaître ses erreurs aussi.

Craignez-vous des grèves au moment du Grand Prix de Formule 1?

Oui, nous sommes assez inquiets sur certains métiers. Au sortir d’un PSE et de la crise sanitaire, nous ne pouvons pas accepter toutes les revendications. L’intérêt de tous est que le Grand Prix se passe bien. C’est un bel événement qui reprend et la Principauté doit rayonner. C’est le premier Grand Prix depuis trois ans à effectif plein. C’est de l’intérêt de tous que tout se passe bien. Nous devons pouvoir démontrer que nos établissements sont excellents, que Monaco n’a perdu ni sa qualité d’accueil ni sa sécurité. Nous espérons donc que le Grand Prix ne sera pas entaché par les mouvements sociaux. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Nous avons fait, il me semble, des annonces positives.

Quelles annonces positives?

L’indemnité de transport par exemple. Il faut rappeler que nous avons garanti l’emploi au Café de Paris pourtant réduit en superficie. Nous avons fait aussi des contrats un peu plus longs aux saisonniers pour garantir un vrai soutien aux équipes permanentes et être plus attractifs pour les personnes en CDD. Notez également que les salaires sont indexés trimestriellement basés sur l’indice INSEE des prix à la consommation. Ainsi, si la vie augmente, les rémunérations augmentent aussi. C’est une mesure très certainement unique en Principauté.

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