Pour le Prince Albert II, "Maradona était impressionnant de facilité et de malice"

Passionné de foot et familier des plus grands champions, le prince Albert II avait côtoyé à plusieurs reprises Maradona à Monaco. Des souvenirs impérissables que le souverain a pris le temps de se remémorer, ce jeudi par téléphone.

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Propos recueillis par Thomas Michel Publié le 27/11/2020 à 08:00, mis à jour le 26/11/2020 à 23:14
Brochette de légendes sur la Promenade des Champions ! De gauche à droite : Antonio Caliendo, Maradona, le prince Albert, Gianni Rivera, Just Fontaine, Eusébio et la journaliste Candida Cannavo. Photo Golden Foot

On le croyait immortel tant il défiait régulièrement les lois de la médecine et puis, soudainement, Maradona est mort. Comment avez-vous reçu la nouvelle ?

Tout d’abord, je suis également attristé par la mort de Christophe Dominici, que j’avais aussi rencontré et apprécié. Maradona, c’est une telle icône que sa disparition dépasse le cadre du sport et du football, comme tous les grands champions. C’était un génie du foot avec une personnalité hors du commun.

Que retenez-vous de vos rencontres ?
Nous nous sommes rencontrés quelques fois, notamment sur la Promenade des Champions [lire ci-dessus] et au Grand Prix de Monaco, et je retiens sa bonhomie. Il était extrêmement sympathique et aussi fragile, comme un grand enfant. Sensible, très affectif.

"Nous avions aussi jonglé de la tête autour d’une table"

Avez-vous en tête une discussion particulière avec lui ?
Je ne maîtrise pas parfaitement l’espagnol donc nos conversations étaient souvent succinctes, mais j’ai le souvenir de très belles rencontres et photos avec lui. Nous avions aussi jonglé de la tête autour d’une table au Golden Foot.

Il a tutoyé la lumière et l’obscurité dans sa vie…
C’est malheureux tous ces problèmes liés à certains excès. ll a eu du mal à gérer une certaine notoriété comme beaucoup d’autres personnalités. Ceux qui connaissent la gloire très jeune ont parfois du mal à l’assimiler.

"Ceux qui connaissent la gloire très jeune ont parfois du mal à l’assimiler."

Certains préfèrent oublier sa face sombre et ne garder que le souvenir du joueur, et vous ?
On connaît tous ses excès, mais il faut surtout retenir l’image du champion et son extraordinaire capacité à bouger les foules. C’est la marque du génie.

Il incarnait une période révolue du foot, lorsque des joueurs qui n’avaient pas une hygiène de vie irréprochable pouvaient illuminer une rencontre…
Oui, il y a d’autres figures dans le football mais lui a vraiment marqué une époque où un trait de génie, une action personnelle, pouvait changer le cours d’un match. Il avait le sens du jeu.

"C'était un patron sur le terrain"

Vous l’avez vu jouer...
Une ou deux fois en Coupe du monde. Il était impressionnant de facilité et de malice, dans le bon sens du terme. C’était lui le patron sur le terrain.

Un joueur comme Messi affole les compteurs mais ne déchaîne pas les mêmes passions, y compris dans son pays. Comment expliquer ce statut de « Dieu » ?
Maradona avait une dimension supplémentaire qu’on n’explique pas bien, ça sautait aux yeux. Dans un bon jour, il détenait les clés du succès.

Son pays est en deuil et le monde pleure un joueur qui avait l’oreille des Fidel Castro, Hugo Chávez…
Tout le monde veut être proche des champions et des hommes et femmes à succès. Il avait la porte ouverte à tous les grands de ce monde. Tout le monde voulait ne serait-ce que sa photo avec Maradona.

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