Leonardo Jardim déboussolé, Claude Puel en approche... On fait le point sur la crise à l'AS Monaco

Dix-neuvième après cinq journées, l'AS Monaco est déjà en crise. Une certaine idée de la régularité.

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Vincent Menichini et Mathieu Faure (avec FAB. P.) Publié le 19/09/2019 à 09:08, mis à jour le 19/09/2019 à 09:13
En cas de mauvaise performance à Reims ce week-end, Leonardo Jardim pourrait laisser sa place à Claude Puel. Photos Jean François Ottonello et Sebastien Botella

Viré en octobre avant d’être réembauché en janvier 2019, Jardim n’a depuis pas fait de miracles sur son banc. S’il a certes relevé le défi du maintien la saison dernière, il traverse ce deuxième mandat sans coup d’éclat.

Tactiquement, il est toujours aussi complexe de lire ses intentions, si ce n’est celle de défendre bas - mais surtout très mal (14 buts encaissés, pire défense de L1) - et de procéder en attaques rapides à la récupération du ballon.

Le plan a fonctionné à la perfection contre l’Olympique de Marseille pendant trente minutes, ce qui ne veut pas dire pour autant que l’ASM maîtrisait les débats, loin de là...

Ses entraînements sont jugés répétitifs. La progression de certains éléments - notamment chez les jeunes - est nulle. La panne de courant de ses joueurs après la pause contre l’OM pose également la problématique de la préparation physique.

Par moments, Jardim semble perdu et/ou résigné. Depuis le mois de mars, son bilan est catastrophique : une victoire lors des treize derniers matchs de Ligue 1 joués, contre Amiens au Louis-II.

Fataliste, Jardim compose avec des décideurs qui vivent leur première expérience à la tête d’un club et ne suivent que trop rarement ses intuitions, ce qu’il a de plus en plus de mal à supporter. Le Portugais est revenu pour avoir les pleins pouvoirs.

C’est de l’histoire ancienne, déjà. Le podium, objectif annoncé de sa direction, il n’y a jamais vraiment cru compte tenu de l’arrivée tardive de renforts.

A La Turbie, il est de plus en plus isolé mais n’a pas l’intention de lâcher l’affaire. "Il a toujours pris ses responsabilités, souffle un proche. Or, il souffre d’être toujours pointé du doigt à cause de l’incompétence de certains. Il avait prévu que ça puisse se passer de la sorte, hélas..."

Sauf énorme cataclysme d’ici à samedi, Jardim sera sur le banc contre Reims. Il pourrait néanmoins être en grand danger en cas de nouveau faux pas en Champagne. Dans l’esprit des décideurs de l’ASM, qui se sont réunis à plusieurs reprises ces dernières heures, son remplaçant aurait un nom.

Selon nos informations, il s’agirait de Claude Puel, un ancien de la maison, sans club depuis son départ de Leicester en février dernier.

Des dirigeants dépassés

Le président de l'ASM Dmitri Rybolovlev et son vice president Oleg Petrov Photo Cyril Dodergny.

Dans ce marasme ambiant, la direction sportive est également pointée du doigt. Nommé à la place de Vadim Vasilyev, Oleg Petrov découvre l’univers du football et surtout ses contraintes.

Présenté comme une "personne brillante", ce proche de Dmitry Rybolovlev n’est pas du sérail et a pu échauder certains agents qui avaient un temps table ouverte à la Turbie. Il ne connaît rien - ou si peu - des codes de ce milieu, aucun joueur à la mode, ce qui était également valable pour Vasilyev au début de son mandat. Quelques mois plus tard, ce dernier était considéré comme l’un des meilleurs dirigeants d’Europe.

Cet été, Petrov a parfois mené des dossiers de façon étrange, comme ceux d’André Silva (Milan) et Adama Soumaoro (Lille) qui ont été aperçus à la Turbie mais n’ont jamais signé leur contrat.

En fin de mercato, compte tenu de la porosité de sa défense, il a validé la venue pour cinq ans de Guillermo Maripan contre un chèque de 18 millions d’euros. Le Chilien, âgé de 25 ans, sortait de deux saisons à Alaves mais n’avait pas vraiment marqué les esprits.

De l’avis général, Petrov a besoin d’être soutenu d’un directeur sportif digne de ce nom, comme le furent Luis Campos ou Antonio Cordon. Autrement dit, Olga Dementeva, DS adjointe après avoir été responsable du protocole pendant plusieurs années, n’a pas les épaules pour endosser ce rôle essentiel dans l’organigramme du club princier.

Mis dans les pattes de Vasilyev, Louis Ducruet a disparu du paysage. Quant à Nicolas Holveck, directeur général adjoint, il reste précieux dans le domaine administratif mais garde une influence très limitée dans le sportif.

Plus que jamais, l’ASM doit s’offrir les services d’un directeur sportif capable de faire le lien entre Jardim et Petrov, ainsi que de remettre de l’ordre à La Turbie, où chacun a pris la mauvaise habitude de faire ce qu’il veut.

Depuis quelques jours, la rumeur d’une nouvelle proposition d’achat d’un groupe nord-américain - comme en janvier - a ressurgi. En haut-lieu, on assure que le "club n’est pas à la vente".

Des joueurs pas au niveau

Cesc Fabregas et Guillermo Maripan sont deux des symboles d’une équipe à la dérive. Photo Cyril Dodergny.

Où en serait l’ASM sans Wissam Ben Yedder et Islam Slimani (3 buts chacun)? Les deux recrues offensives portent leur équipe à bout de bras mais cela ne suffit pas à masquer les manques dans le domaine défensif.

Recruté pour prendre la succession de Danijel Subasic, en retrait ces derniers mois, Benjamin Lecomte n’assume pas son statut.

A sa décharge, il évolue derrière des garçons en perdition tels que Maripan et Glik. Le Polonais, capitaine et indéboulonnable dans l’esprit de Jardim, est toujours dans les mauvais coups.

Sur les côtés, Aguilar et Ballo-Touré sont à la dérive, tandis qu’au milieu Fabregas fait peine à voir. Le cas de l’Espagnol, recrue phare du mercato hivernal et dont le salaire atteint des sommets, serait un sujet de crispations dans le vestiaire.

Son match contre l’OM ne lui a pas rendu service.

Le 4-4-2 semble illusoire avec l’Espagnol, des latéraux aussi friables et une charnière centrale aussi empruntée. En interne, on s’inquiète d’une éventuelle absence de Bakayoko qui se comporte en leader depuis son arrivée, alors qu’il en manque cruellement dans cet effectif.

Une réunion a eu lieu en début de semaine entre les joueurs et le staff. Les échanges se sont déroulés dans le calme. Jardim n’a pas encore été lâché par son groupe. Or, la fameuse union sacrée est difficilement perceptible à tous les étages du club. Pourtant, l’ASM est en grand danger.

Des Ultras remontés

Pour les Ultras Monaco 1994, la défaite contre l’OM n’est vraiment pas passée. C’est même celle de trop. En début de semaine, ils ont exprimé leur ras-le-bol à travers un communiqué virulent.

"Puisque c’est le néant au club, nous n’allons pas nous fatiguer à écrire énormément, pourtant il y aurait tellement à dire… Bref, l’heure est à l’action: Jardim, merci, mais il est temps de partir maintenant, en emmenant tes protégés (avec photos de Ballo-Touré, Fabregas, Glik et Jemerson). Sinon, Messieurs les dirigeants, la défense, ça vous parle? Si vous n’y connaissez rien, rappelez les professionnels qui faisaient gagner le club pour vous aider ou trouvez-en. Contentez-vous de signer les chèques, mais les bons…"

Chez les Ultras, la défiance envers Leonardo Jardim ne date pas d’hier. Champion de France en 2017 - une première sur le Rocher depuis 2000 - le technicien portugais a perdu beaucoup de crédit ces derniers mois.

De nombreux supporters souhaitent le voir partir et n’hésitent plus à le dire publiquement. Le hashtag "JARDIMOUT" est très en vogue sur les réseaux sociaux. Il ressort à chaque match et à chacune des publications du CM (community manager) du club.

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