Le projet ambitieux de l'AS Monaco pour favoriser le retour au stade des fans de football malgré la menace du coronavirus
L’AS Monaco travaille à l’élaboration d’un ‘’passeport sanitaire’’, une avancée technologique qui pourrait permettre aux spectateurs de retrouver les stades. Objectif: convaincre les instances.
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François PaturlePublié le 10/08/2020 à 11:23, mis à jour le 10/08/2020 à 11:23
Pour l’instant, la Ligue 1 doit faire avec la ‘‘jauge à 5.000’’ (ici la dernière finale de la Coupe de France PSG-ASSE au Stade de France). Une restriction qui n’est pas une fatalité selon le projet de passeport sanitaire impulsé par l’AS Monaco.Photo AFP
Pour l’instant, ce n’est qu’un projet, une projection porteuse d’espoir. Mais le système marche, Monaco assure l’avoir testé avec succès en interne sous la supervision de son responsable médical, Lluis Til, avant le départ de ses joueurs en Pologne.
Alors que le football (et pas que le football) cherche avec très peu de visibilité et dans un contexte de recrudescence de cas de Covid-19 les moyens de sécuriser le retour des spectateurs dans les stades, l’ASM, qui pourrait faire figure de pionnière, participe au développement d’un "passeport sanitaire sécurisé".
Derrière ce nom barbare, pas mal d’aspects techniques (notamment la technologie ‘‘Blockchain’’), mais un principe assez simple et ambitieux: permettre aux supporters du monde entier de revivre pleinement et sereinement leur passion au stade en réduisant au maximum le risque de contamination à la Covid-19 dans les enceintes sportives et même ailleurs.
Comment ça marche?
Exemple: je m’appelle Alexis, je suis fan de l’AS Monaco. J’ai envie d’assister au prochain match au Louis-II. Je me rends au préalable dans un labo pour un test Covid-19. Le résultat m’est communiqué sous la forme d’un document contenant un QR Code sécurisé, confidentiel (sur support papier ou écran) et strictement personnel. Alexis, comme tous les utilisateurs, peut en faire ce qu’il veut.
Mais s’il décide d’aller au stade, il faudra pour cela que son passeport - via ce QR Code infalsifiable - soit valide (notion encore à définir mais sans doute avec un test fait 4 ou 5 jours avant la rencontre) et que les résultats du test ne confirment pas une infection en cours. Comme pour le billet d’entrée, le QR code sera scanné à l’entrée du stade et lui permettra alors d’y accéder.
Conçue par la société suisse SICPA, l’application a un nom, Certus.
"L’AS Monaco est poussée par une culture d’innovation qui s’est traduite pendant le confinement par la volonté de trouver des solutions pragmatiques et innovantes aux problèmes posés par la crise sanitaire", note Jérémy Cottino, le chef du projet du club monégasque, qui a auparavant travaillé pour l’UEFA et le CIO.
"Revivre l’émotion"
"On n’est pas là pour promouvoir l’application de SICPA et on ne prétend pas porter l’invention du siècle. L’application choisie existait déjà sous une forme différente. Notre démarche est tout simplement citoyenne, afin de proposer autre chose que la distanciation dans les stades."
En introduisant le concept dans le monde du football, le club de la Principauté souhaite donc « travailler dans l’intérêt collectif », reprend Jérémy Cottino.
"On a tous envie de revoir de l’émotion, des stades remplis, de l’ambiance. Il y aurait de quoi se sentir plus sereins si l’on savait que tous les spectateurs autour de soi avaient été testés négatifs quelques jours plus tôt. En ce sens, si l’AS Monaco peut aider à faciliter le retour des supporters dans les stades, au Louis-II, au Vélodrome ou à l’Allianz Riviera ce serait une très belle victoire."
La capacité des labos à absorber un nombre supplémentaire important de tests COVID-19 pour la cause du football n’a pas été démontrée. Photo AFP.
Des obstacles au projet séduisant
Séduisante, cette technologie du ‘‘passeport sanitaire’’ pourrait tout aussi bien fournir des assurances sur l’état de santé des acteurs d’un match (joueurs, staffs, arbitres), et éviter ainsi les polémiques (exemple Strasbourg-Montpellier en amical) alors que le système repose actuellement uniquement sur la confiance et que les clubs effectuent les tests chacun dans leur coin.
L’invention se heurte pourtant à plusieurs obstacles. En premier lieu, son cadre juridique, sur lequel devront probablement se pencher les instances gouvernementales et sportives afin d’en définir les conditions d’utilisation.
L’enjeu est de taille puisque ce "laissez-passer" pourrait tout aussi bien fonctionner pour les aéroports, les centres commerciaux, etc.
Autres inconnues: la volonté des spectateurs à jouer le jeu des tests et la capacité non encore démontrée des labos à absorber un nombre supplémentaire important de tests COVID-19.
Toujours est-il que l’ASM a déjà reçu plusieurs marques d’intérêt de différents clubs de L1 et même la Premier League anglaise s’est déclarée "désireuse de voir comment soutenir le développement d’un passeport sanitaire".
L’AS Monaco en est convaincue: "innovation, esprit d’équipe et pragmatisme pourraient permettre, à terme, de redonner un souffle à l’économie du football et à bien d’autres", évoque le club du Rocher.
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