Le club, ses supporters, le prince Albert et la fin de saison haletante... confidences et pronostics de Jérôme Rothen sur l'AS Monaco
Ce vendredi, l’AS Monaco et Monaco-Matin se sont unis derrière le hashtag #PartoutToujours pour faire vivre la communauté de supporters des Rouge et Blanc à travers le monde. Qui de mieux pour parrainer l’opération que la "patte gauche", grand artisan de l’épopée européenne de 2004, Jérôme Rothen? Coup d’envoi!
Thomas MichelPublié le 17/04/2021 à 14:00, mis à jour le 17/04/2021 à 12:30
2002-2004: Jérôme Rothen au sommet de son art à Monaco, et dans le cœur des supporters.Photo DR
Entre 2002 et 2004, sa patte gauche a nettoyé quelques lucarnes et distillé les caviars à ses compères d’attaque de l’AS Monaco (Giuly, Morientes, Nonda, Prso…), jusqu’à lui ouvrir les portes de l’équipe de France.
Une épopée européenne qui hérisse encore le poil des supporters. Si son départ pour le PSG avait brusqué quelques fans, les relations se sont apaisées avec le temps et Jérôme Rothen jouit d’une réelle cote d’affection à Monaco, son "club d’adoption". Il faut dire que le garçon n’a jamais renié son amour du club et ne manque pas de le rappeler au micro de RMC, où il anime Rothen régale et débat dans l’After foot.
À l’heure où Monaco-Matin lance un partenariat avec l’AS Monaco sur les réseaux sociaux, entretien avec un Rothen toujours aussi entier, généreux et passionné, qui décrit son lien avec les fans de l’ASM, à commencer par le premier d’entre eux, le prince Albert II, à l’aube d’une fin de saison qu’il pressent heureuse.
Même si la Covid contraint les fans à vivre leur passion à distance...
"Il y a un réel manque. C’est une drogue cette communion avec le public. Quand tu es joueur de foot, tu vis aussi pour ça. Les supporters, c’est leur objectif du week-end. Combien vivent que pour leur club et n’ont plus ça? Ce qui me donne de l’espoir, c’est que des pays, certes loin de la France, arrivent à remettre des gens dans les stades. C’est une grosse bouffée d’oxygène."
Quelle image du stade Louis-II et des supporters avais-tu à ton arrivée de Troyes à Monaco? Pour moi c’était la classe Monaco, à l’image de la ville et de la famille princière. J’avais pu jouer dans ce stade atypique avec Caen et Troyes et je connaissais le contexte de cette petite ville qui compte des supporters fanatiques, qui forcément ne sont pas 50.000. Je savais aussi que Monaco était une place très forte du championnat de France. Quand tu veux devenir professionnel, tu essayes d’avoir un plan de carrière et je ne dis pas que j’avais coché d’office la case de Monaco, mais ça fait partie des grands clubs à côté desquels tu mets une croix. C’était une fierté.
Un tremplin jusqu’à l’équipe de France en l’occurrence. Exactement. En plus il y avait des personnes charismatiques, à commencer par le président Jean-Louis Campora, que je ne remercierais jamais assez. C’est toujours plus facile de trouver tes repères dans un club quand tu as un président de sa trempe. Et puis j’avais Didier Deschamps comme coach. Il m’avait fixé des objectifs très élevés le jour où j’ai signé. Le premier était de mettre un pas en équipe de France et au bout d’un an, j’y étais!
Tu as rapidement noué des liens avec les supporters? Jouer au football, c’est ta passion et c’est un spectacle avant tout. Et le spectacle, il est aussi dans les tribunes. La communion est importante entre les joueurs et les supporters et fanatiques. Ce sont des gens qui sont là tout le temps. L’âme du club leur appartient. C’est eux qui la transmettent et donc il ne faut pas être coupé du monde quand t’es joueur. J’avais une superbe relation avec eux, une proximité. Je me souviens les sorties dans le souterrain, quand on gagnait les supporters venaient pour échanger; après les défaites pour nous secouer. ça fait partie du jeu et moi ma franchise m’a toujours servi sur ce côté-là. Le seul bémol, c’est au moment de mon départ au PSG. J’ai pu avoir des paroles maladroites, mal interprétées. Des gens ont pensé que j’avais dit qu’il n’y avait pas de supporters par rapport à Paris. Alors que pas du tout.
Tu as été blessé? D’être pris en grippe à chaque match, oui ça me blessait. Mon départ a été mal perçu et ça a duré quelques années malheureusement. Quand je revenais avec Paris, je peux te dire que je prenais des bonnes broncas. Dans certains stades ça permet de te transcender mais pas là, c’est le seul stade où j’avais joué, revenais, et prenais des sifflets. À la fin de ma carrière ça c’est calmé. C’est l’essentiel. Et paradoxalement, c’est le club que je pense avoir marqué le plus sportivement, où j’ai atteint le plus haut niveau.
Tu as aussi passé ton temps à défendre ce club qui, derrière les préjugés, est suivi par ses fans en Ligue 2 comme en Europe. J’ai toujours défendu Monaco. Les gens ne se rendent pas compte qu’il y a une connaissance du foot à Monaco. C’est dans les mœurs et tu as besoin d’avoir des beaux joueurs, une équipe qui joue bien et avec une solidarité qui est peut-être supérieure à la moyenne sur le terrain. Franchement, à part ma première année quand je suis arrivé, après une fin de saison compliquée qui imposait à Didier de rajeunir le groupe, j’ai connu le stade Louis-II quasiment tout le temps plein. C’est important de le rappeler. En Ligue 2, il y avait du monde! Quand ils ont été champions avec Jardim et en demi-finale de Ligue des Champions, le stade était rempli.
"Je finirai mes jours à Monaco"
2002-2004: Jérôme Rothen au sommet de son art à Monaco, et dans le cœur des supportPhoto DR.
Et mine de rien ce stade fait son effet quand il s’emballe… Ah oui! ça, je te le confirme! Je ne parle même pas de la Ligue des Champions parce que là on a passé des soirées incroyables. Il y avait énormément de communion et d’émotion. Ce stade vibrait. Les derbys contre Nice, les matchs contre Marseille, il y a eu des sacrées ambiances! D’ailleurs j’ai joué dans beaucoup de stades où il y avait une piste d’athlétisme. Je trouve qu’elle te casse l’ambiance, alors qu’à Monaco non.
Des fans tu en as aussi croisé beaucoup à l’extérieur et à La Turbie. Il y a de grosses communautés de supporters monégasques en France. En Bretagne, par exemple, le parcage visiteurs était toujours rempli, ce qui n’était pas le cas d’autres grands clubs. Y compris au niveau européen. À La Turbie, j’ai souvenir d’avoir croisé des gens qui faisaient des milliers de kilomètres pour nous voir. C’est incroyable! Les vacances scolaires, c’était rempli tout le temps. Quand t’es joueur de foot, t’adores ces moments-là. Échanger, prendre des photos, rendre heureux des gosses.
Et aujourd’hui? Les gens me parlent beaucoup plus de ma finale de Ligue des Champions en 2004 que d’autres équipes dans lesquelles j’ai pu évoluer et qui ont quand même marqué les esprits. En fait Monaco a aussi cette spécificité d’être le seul club, je pense, où tu peux te permettre d’être supporter du PSG et aussi de l’AS Monaco. Peut-être tout simplement parce que Monaco c’est la classe. Comme cet écusson sur ce maillot historique.
Tu as toujours des attaches fortes à Monaco, non? J’y retourne souvent et je pense même que j’y finirai mes jours. C’est une région que j’apprécie et j’ai des amis sur place.
2002-2004: Jérôme Rothen au sommet de son art à Monaco, et dans le cœur des supporters.Photo DR."Le prince Albert est un fervent supporter" de l'AS MonacoPhoto Monaco-Matin.
Le Prince se transcendait, comme nous sur le terrain"
Le prince Albert II est le premier supporter du club. Il t’a souhaité ton anniversaire le 31 mars dernier. Quelle relation avez-vous?
J’ai toujours eu un bon rapport avec la famille princière pour laquelle j’ai énormément de respect. Il y a des liens qui ne s’inventent pas, des personnes avec qui tu partages plus de choses, que tu apprécies. Ludo (Giuly) était le n°1 dans la relation avec le prince Albert [rires]. J’ai eu la chance aussi de connaître son papa, qui était quelqu’un de plus discret mais un homme tellement charismatique et incroyable. D’avoir partagé autant de moments forts avec cette famille, c’était fantastique. Je me souviens des avant-matchs de Ligue des Champions où ils venaient tous nous voir à la collation ou au repas du midi, c’est des moments marquants.
Un Prince qui, en tribunes, est un supporter comme un autre. Fervent.
Oui je te confirme! Il mettait le maillot et se transcendait comme nous on pouvait le faire sur le terrain. C’est quand même quelque chose, quand tu tournes la tête, de voir cette loge princière et le Prince qui est fier et supporter, qui fait des efforts avec toi. C’est unique. Et pas que le prince Albert, la famille dans son ensemble.
"Très peu d’équipes peuvent inquiéter Monaco car Kovac a la maîtrise totale de son groupe."Photo Cyril Dodergny.
"ça sent bon le podium en Ligue 1" pour la fin de saison
Troisième du championnat à six journées de la fin et quart de finaliste de la Coupe de France, la bande à Kovac vit une fin de saison haletante qui ne surprend pas Jérôme Rothen.
Le consultant RMC Sport mettrait même bien une piécette sur une belle surprise.
"Je me suis mouillé il y a quelques mois quand j’ai vu la trajectoire de Monaco, comment l’équipe se structurait et surtout la qualité des joueurs. Je les voyais finir en boulet de canon et arracher une place sur le podium, ce qui serait déjà fantastique puisque le projet a démarré cette année avec Nico Kovac et qu’il faut deux ans pour tirer le maximum d’un groupe. Je suis content parce que je ne me suis pas trompé."
Que pense l’oracle aujourd’hui? "C’est pas encore fait le podium, mais ça sent bon! Le calendrier est assez favorable. Il y a Lyon mais c’est un match à domicile et, aujourd’hui, très peu d’équipes peuvent inquiéter Monaco car Kovac a la maîtrise totale de son groupe. Je ne dis pas qu’ils seront champions de France mais la fin je la vois belle. En tout cas, je ne le vois pas faiblir du tout."
En Coupe de France, c’est aussi la route de Lyon que l’ASM croisera mercredi prochain. "Monaco s’est souvent nourri de titres et c’est bien de faire tourner le compteur au niveau du palmarès. C’est un titre à aller gagner et ils peuvent le faire. Le tirage n’est pas favorable mais quand je vois la forme de Monaco, je me dis qu’ils peuvent très bien aller gagner à Lyon."
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