Didier Drogba a tout connu. Tout gagné. Du Mans à Phœnix en passant par l’OM, Chelsea et Galatasaray, l’attaquant ivoirien (104 sélections, 65 buts) vient de raccrocher les crampons le mois dernier.
A 40 ans, le jeune retraité est devenu vice-président de Peace and Sport, l’organisation internationale neutre et indépendante monégasque qui promeut l’utilisation du sport comme un outil de paix.
Joël Bouzou, président-fondateur de Peace and Sport, ne voyait pas d’autre personnalité pour devenir vice-président.
"C’est un joueur charismatique avec une reconnaissance internationale. C’est un homme de paix avec lequel on partage une vision. Didier vient d’arrêter sa carrière et il pourrait faire du business mais ça fait un an qu’il travaille avec nous, on passe la vitesse supérieure. C’est un homme charismatique dont la fondation a besoin pour porter le message de Peace and Sport".
Didier, c’était une évidence de vous retrouver vice-président de Peace and Sport une fois les crampons raccrochés ?
Une évidence, non (il réfléchit). Mais une continuité. Voilà un an que je suis champion pour la paix pour Peace and Sport. On a beaucoup voyagé avec Joël Bouzou, le président, le Prince, pour promouvoir la paix. On a été, notamment, en Colombie en mars dernier. C’était un très beau voyage. Je me suis rendu compte de l’impact de cette organisation sur le terrain. On apporte un moment de paix à toute cette jeunesse touchée gravement par les conflits, le crime. Ecouter leurs histoires, c’est une réalité touchante. En tant que vice-président, je peux avoir un impact et apporter une solution pour aller vers la paix.
C’est plus facile de porter un message de paix quand on s’appelle Didier Drogba ?
Ça peut aider, clairement. J’ai toujours su que je ne pourrais pas rester insensible à ce genre d’appel. En 2005, avec la Côte d’Ivoire, après notre première qualification pour le Coupe du monde, j’avais lancé un appel avec la sélection alors que le pays traversait une crise politique. Ce sont des causes qui me touchent et ça n’a pas été difficile de me convaincre.
Vous avez connu des périodes de stress durant votre carrière, vous voilà dans un rôle responsabilisant, comment le vivez-vous ?
Quand on a connu le stress des terrains, du vestiaire, c’est complètement différent. On veut que tout se passe bien, c’est de la diplomatie, des échanges, du temps, des dialogues. Il faut faire preuve de beaucoup de patience. Le sport ouvre beaucoup de portes, à commencer par celles de la paix.
Comment se passe votre retraite ? C’est encore frais…
C’est digéré (rires). Ma décision est réfléchie, j’ai fait 20 ans de carrière, j’arrive à 40 ans, j’ai fait le tour de la question. C’était le moment. J’ai eu la chance de pouvoir redonner un peu de mon savoir-faire à tous ces jeunes à Phœnix pendant deux ans. Je me suis éclaté comme un gamin. J’étais à fond avec eux, j’ai énormément appris à leurs côtés.
Si vous ne deviez retenir qu’un moment de votre carrière…
Quand un entraîneur décide de me recruter sans jamais m’avoir vu jouer, il a juste entendu parler de moi. Il me donne ma chance, me sort du milieu amateur pour me lancer en professionnel. C’est le déclic. C’était au Mans, et cet homme c’est Marc Westerloppe*. En ce moment, il est pointé du doigt et ça me fait mal au cœur, c’est pour ça que je l’ai soutenu publiquement.
[*Actuellement à Rennes, l’ancien responsable du recrutement du PSG se retrouve au cœur d’une polémique sur le fichage ethnique du recrutement de jeunes joueurs au PSG.]
Un joueur actuel ressemble-t-il à Didier Drogba ?
Si je dis non, on va me trouver prétentieux, si je dis un joueur on va me contredire (rires). Mais il y a un attaquant qui me fait vibrer, c’est Robert Lewandowski du Bayern Munich. J’aime son style, sa finition, sa manière de participer au jeu, il est complet.
Votre plus beau but ?
Le plus important c’est en finale de la Ligue des champions en 2012 avec Chelsea, c’est sûr. Mais le plus beau… Mon Dieu. J’aime beaucoup celui contre Liverpool avec les Blues : contrôle poitrine et volée du gauche. Celui contre Everton, avec la Côte d’Ivoire contre le Malawi qui était vraiment pas mal. Pfff, on pourrait passer beaucoup de temps car je peux tous les citer, ils sont tous aussi beaux les uns que les autres. Je me souviens de tous mes buts, et des passeurs, aussi.
Le défenseur qui vous a le plus résisté ?
C’est vraiment difficile à juger car on se rencontre sur plusieurs matches. Sur une carrière, on est amené à jouer des défenseurs plusieurs fois et avec le temps, on trouve les clés mais les plus grands sont ceux qui ont la classe comme Carlès Puyol, Gerard Piqué. Des grands défenseurs, des grands hommes aussi. Mais aussi Rio Ferdinand, Nemanja Vidic, Jamie Carragher, ils ne vont rien lâcher pendant 90 minutes et te pourrir la vie. Mais au final, j’ai beaucoup progressé grâce à eux. Et j’espère qu’eux, de leur côté, ils n’étaient pas contents de jouer contre moi (rires).
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