De l'ombre à la lumière pour Danijel Subasic

Arrivé en Ligue 2, Danijel Subasic est devenu une référence à son poste de gardien de but

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MATHIEU FAURE Publié le 03/05/2017 à 05:21, mis à jour le 03/05/2017 à 09:08

Danijel Subasic a 32 ans et joue sa sixième saison à l'AS Monaco où il a débarqué en Ligue 2. Là, c'est une demi-finale de Ligue des champions qui se présente à lui avec la Juventus Turin de Gianluigi Buffon. « Il va découvrir le dernier carré de la C1 mais il a déjà un certain vécu. Il ne va pas dépareiller face à Oblak, Navas et Buffon. L'Italien est une référence mais je place Subasic dans le tiercé de ce dernier carré au niveau des gardiens » lâche Christophe Lollichon, en charge du développement des gardiens de but à Chelsea depuis 2007.

Avec Valère Germain, qui l'a vu débarquer en Ligue 2 en 2012, la relation est particulière. « Dans le vestiaire, c'est un mec qui parle beaucoup, il a toujours parlé (rires). Avec Nabil Dirar, Andrea Raggi et moi, on est les plus anciens au club, on s'est connu au fin fond de la Ligue 2 alors on a forcément un rapport particulier tous les quatre. On a un lien très fort ».

La Ligue 2 justement. Quand il quitte Split pour Monaco en janvier 2012, certains s'étonnent de ce choix. C'est la première vague de transferts de l'ère Rybolovlev.

Dans ceux qui sont dubitatifs, on trouve Jérôme Alonzo, ancien portier du Gym et du PSG. « Quand il est arrivé en Ligue 2, je ne le connaissais pas et je me suis dit, c'est quoi ce grand truc ? On a des bons gardiens en France, pourquoi aller chercher ailleurs ? Je n'y croyais pas et il m'a bluffé.

Il s'est imprégné du jeu de la Ligue 2, puis de la Ligue 1, puis de la Ligue des champions. Un mec qui s'adapte aussi facilement, c'est qu'il a quelque chose », détaille le natif de Menton.

En six saisons, le gardien méconnu est devenu une valeur sûre et un international croate confirmé. « Je l'ai vu prendre de la confiance, améliorer son jeu au pied, ses sorties aériennes. Le fait d'être devenu titulaire en équipe nationale a aussi été important dans sa progression », avance Valère Germain.

« Un gardien titulaire en équipe nationale, ça vous place son niveau d'entrée », poursuit Guillaume Warmuz, gardien de l'ASM entre 2005 et 2007. « La Ligue des champions et l'équipe nationale sont les deux révélateurs quand vous êtes gardien. C'est là où vous êtes passés au crible, poursuit Warmuz. Parfois, sa forme de tranquillité peut devenir une nonchalance, c'est aussi ça, les défauts de ses qualités. Mais je ne connais pas une équipe qui réalise une grande saison sans un grand gardien. Et Monaco réalise une grande saison. »

L'année de la confirmation à 32 ans ? Possible. Sans doute.

Pour Lollichon, qui a connu Petr Cech pendant près d'une décennie à Chelsea, le portier monégasque a surtout une palette très complète. « C'est l'un des gardiens les plus consistants de Ligue 1, il commet très peu d'erreurs, c'est quelqu'un de rassurant et qui fonctionne très bien avec sa défense. Vous avez des certitudes avec lui, il dégage une vraie sérénité. C'est un garçon qui possède d'excellents réflexes et il joue assez haut. En Angleterre on parlerait de gardien pro-actif, toujours dans l'anticipation. Il colle parfaitement avec le jeu prôné par l'ASM. Dans le un contre un, je le trouve très bon car il ne donne pas d'indications à l'attaquant. » N'en jetez plus.

Pas forcément très médiatisé ni adepte des lumières des caméras, Danijel Subasic est un garçon qui a franchi les étapes une par une.

Pour Valère Germain, Subasic « a un poste défensif, dans l'ombre, il est moins mis en avant que les autres, un peu comme Glik, mais sans eux, on ne ferait pas cette saison. »

Derrière ses qualités intrinsèques, certains décrivent également un gardien ultra-zen.

Parfois trop, peut-être.

Warmuz : « Il a une faculté à être relativement calme qui est assez impressionnante. A ça, on peut ajouter une bonne lecture du jeu, des bons réflexes, c'est un gardien très complet. »

Alonzo : « Par ses moments de flottements, je me retrouve en lui mais derrière, il rebondit toujours. Cette faculté à se remettre dedans m'impressionne. Il est arrivé à ce niveau à la force du poignet. Pour être dans le top mondial à son poste, il doit gommer ses petites sautes de concentration mais techniquement, il est bon partout. Et j'aime le fait qu'il ne soit pas dans la dictature du jeu au pied, il sait balancer quand ça devient chaud. C'est un mec qui est agréable à voir jouer, ce n'est pas un gardien qui m'ennuie. »

Lollichon, plus professoral dans son analyse met en avant des micros détails sur lesquels le Croate pourrait combler son retard sur les cadors comme Buffon. « Il pourrait peut-être étendre sa zone d'influence dans le domaine aérien même s'il est bien protégé avec Glik. C'est juste une approche mentale, une orientation du corps et une position de départ, ce sont des détails qui permettent d'étendre sa zone d'influence dans la surface de réparation mais ce n'est en aucun cas une faiblesse, d'ailleurs je ne lui en trouve aucune. C'est un gardien complet et c'est le fruit d'un travail avec André Amitrano. Leur bonne entente se ressent sur le terrain.»

Bosseur, grosse capacité d'adaptation, chambreur, bon camarade, Danijel Subasic a tout du gardien de but moderne et presque parfait.

En gros, il permet de voyager des terrains compliqués de la Ligue 2 aux grandes soirées européennes. Un portier qui fait honneur à une caste très particulière. « Les gardiens de but sont une entreprise de spectacle et Danijel y fait honneur » conclut Jérôme Alonzo.

Cinq ans après son arrivée dans l'anonymat de la Ligue 2, « Suba » regardera Gonzalo Higuain, Paulo Dybala et son compatriote Mario Mandzukic dans les yeux.

 

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