"Cela fait des années qu’on attend ces chars!": la bataille des fleurs métamorphosée à Nice
Inédit à la cour du "Roi des trésors du monde": des carnavaliers ont repensé les 16 vaisseaux pétaliers en les customisant façon corso. Un nouveau terrain de jeu pour les fleuristes que les spectateurs ont pu découvrir ce dimanche après-midi à Nice.
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Christine RinaudoPublié le 12/02/2023 à 20:45, mis à jour le 13/02/2023 à 10:46
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La statue de Bacchus en résine peinte, des grappes de raisins géantes: les chars des batailles de fleurs donnent aux fleuristes l’envie de s’enivrer en se sublimant.(Photos Sébastien Botella)
Tractée par deux hippocampes, Aphrodite naît d’une coquille au milieu de l’onde, tandis que Bacchus se la coule douce sur un tonneau rempli de vin au milieu de raisins XXL, que des poteries ventrues déversent des corolles, que deux gigantesques danseurs de flamenco s’enlacent, qu’un impressionnant faucon va s’élancer d’un château fort, que la Tête carrée de Sosno se numérise à coups de pixels multicolores. "Cela fait des années qu’on attend ces chars!" Cette fois, Nicole Bravi et Carine Lallau, mandataires du groupement Nouvelle Vague, et les autres fleuristes voient la vie en rose.
Les seize chars dédiés aux cinq batailles de fleurs, dont celle de ce dimanche après-midi, sont métamorphosés. Customisés façon corso par les carnavaliers. Gilles et Pierre Povigna et Cédric Pignataro ne se sont pas reposés sur leurs lauriers.
Des chars plus hauts, plus gros, plus nourris
Raconter des histoires, grandioses.
La tendance, à planter entre les gerbes des motifs carnavalesques en résine peinte, avait été lancée par les Povigna lors de l’édition 2020. Résultat décrypté par Nicole Bravi: "Les structures vivaient par elles-mêmes."
Alors, pour le 150e anniversaire de la monarchie éphémère, les seize chars ont tous été changés. Les voici plus hauts, plus gros, plus nourris, se suffisant presque à eux-mêmes.
Un nouveau terrain de jeu pour les artisans missionnés: les huit fleuristes des Alpes-Maritimes regroupés sous le label Nouvelle Vague, en charge de 14 chars, et Garden Expo, qui en décore deux.
Toujours environ 3.000 tiges par équipage mais gérées autrement. Comme l’explique Carine Lallau: "On voulait cette ambiance de carnaval car on peut enfin mettre les chars en valeur sans pallier leur manque de hauteur, la ferraille visible et nue, les squelettes en grillages." Nicole Bravi abonde dans le même sens: "Là, on raconte quelque chose en changeant notre façon de scénariser et de piquer les fleurs, plus raccord avec les chars."
"C’est plus moderne"
L’art du numérique aux piquages monochromes.
Exemples… Sur le char de la tête carrée, "le piquage est soit horizontal, soit vertical". Et en monochromie: anthuriums rouges, orchidées violines, strelitzias orange selon les plans. "C’est plus moderne."
Prisme neuf également sur le char de "L’art des parfums". Là, "on a récupéré des cerclages sur lesquels on façonne des couronnes de fleurs et de feuilles entourant les couvercles des récipients".
Voici "Les Fonds sous-marins". Char fait de pseudo-roches colorées, gorgones, coquilles d’huîtres, d’où jaillissent des vagues de pétales… Le tout auréolé de deux méduses flottant dans les airs. Dense et somptueux.
On aime les massifs immaculés bordant les allées de statues grimpant vers un temple sur "Les Jardins". Futés aussi les énormes joncs en forme de plumes à écrire, les plumets et les boules d’hortensias blancs composant "L’Art de la calligraphie". On ne limoge pas les compositions classiques mais ces architectures carnavalesques autorisent des fleurissements épurés, aériens, graphiques et innovants. C’est vraiment le bouquet!
L’art de la danse : le flamenco s’impose.
De nouvelles espèces de fleurs utilisées
Bien sûr, on a gardé les valeurs sûres comme les orchidées, les lys, les mufliers blancs simulant, notamment, l’écume sur les vagues du char de la reine. Mais on y a rajouté des branches graciles et neigeuses inconnues jusqu’alors, accentuant l’effet mousse et dentelée. Les nouveaux décors des batailles de fleurs se sont également traduits par l’emploi d’espèces moins utilisées ou jamais vues.
À côté des tulipes, œillets, gueules-de-loup, mimosa… les fleuristes ont introduit des espèces adaptées aux thèmes des chars : fleurs de coton sur le char du tissage, fleurs de riz et bambous sur ceux à consonance asiatique, prunus blancs, chatons (bourgeons de noisetiers teints en rose), fleurs de prunier, cornus (branches rouges), mitsumatas, grandes branches au ton crème, guirlandes de pin…
Et tout ça est le fleuron de l’horticulture azuréenne comme on le dit souvent à tort ? Bien sûr que non. Hormis des productions varoises, italiennes et un peu du comté, de nombreuses fleurs ou feuilles arrivent du monde entier mais transitent par le MIN fleurs de Nice Saint-Augustin. La touche locale, elle est là. Et ce Marché d’intérêt national est aussi quelque part, un trésor du monde niçois…
Les fleurs par milliers sont jetées aux spectateurs.
(Photo Sébastien Botella)Et le public est toujours aussi présent et enthousiaste!
(Photo Sébastien Botella)
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