78e Festival de Cannes: Thomas Ngijol revient avec "Indomptables" pour raconter le Cameroun dans une enquête policière insolite

Venu présenter son dernier film "Indomptables", dans lequel il joue aussi, Thomas Ngijol y raconte le Cameroun en se servant d’une enquête policière comme prétexte.

Mathieu Faure Publié le 21/05/2025 à 11:20, mis à jour le 21/05/2025 à 11:20
Thomas Ngijol sur le tapis rouge cannois, lundi. Photo AFP Photo AFP

Alors que la pluie s’abattait sur la plage de la "Quinzaines des cinéastes", Thomas Ngijol avait le sourire permanent. Quelques instants plus tôt, il avait présenté son dernier film, Indomptables, au Théâtre Croisette, dans le cadre de la sélection parallèle. Un film inhabituel pour celui qui a pris le pli de nous boxer les zygomatiques.

Cette fois, c’est au cœur d’une enquête policière, dont l’action se situe dans un Yaoundé authentique, que Ngijol s’offre à nous dans la peau d’un flic qui cherche à trouver l’assassin d’un collègue. En parallèle, sous son toit, le commissaire Billong a toutes les peines du monde à écouter ses enfants. Un film sincère, intelligent, qui confirme que l’homme a mûri.

Vous sortez de votre zone de confort avec ce film, non?

Je suis parti sur quelque chose dans lequel on ne m’attend pas du tout. C’est bizarre de dire que j’ai pris des risques, j’ai fait ce que j’avais envie de faire. À la sortie de mon spectacle, j’avais envie de continuer mes histoires de transmission. J’avais envie de dire quelque chose à mon père, de régler aussi peut-être des choses et de mettre certains mots sur des sensations intimes. Au final, ce n’est pas comme si j’avais fait un truc qui n’avait rien à voir avec mon histoire personnelle.

Au départ, il y a un documentaire, Un crime à Abidjan réalisé par Mosco Boucault. C’est ça?

L’élément déclencheur, c’est vraiment vouloir me raconter. Le documentaire, c’est le prétexte. Je l’ai découvert en 1999, mais je n’avais aucune intention dessus. Quelque chose d’intime a pris de la place dans mon rapport au documentaire et je me suis dit que je n’avais pas envie de comédie pour me raconter.

L’enquête est presque un prétexte pour raconter la société camerounaise, un peu patriarcale, avec de la corruption, l’absence des services publics...

Je voulais montrer le Cameroun, rentrer dans le Cameroun, mais je ne voulais pas faire une critique du Cameroun, dans le sens où il y a ses bons et ses mauvais côtés, comme n’importe quelle société. Ça serait culotté de ma part, moi, vivant en France, de dire: "Regardez l’État du Cameroun". Je ne voulais pas non plus être dans le fantasme du Cameroun, j’y vais depuis mon plus jeune âge. Et j’adore, c’est mon pays. C’est aussi une lettre d’amour au Cameroun que j’ai voulu faire. Une lettre d’amour réaliste.

Est-ce que votre personnage est si éloigné de vous?

Non, je le rejoins parce que je suis un enfant de ce genre de personnage. J’ai des enfants aujourd’hui, on est tous père. Je reproduis des choses. Au final, j’ai beaucoup d’affection pour ce mec-là. On comprend qu’il veut protéger ses enfants de la dangerosité du monde extérieur. C’est ce que dit une réplique du film: avant de penser à les protéger, pense à bien les aimer. Et c’est vrai qu’au final, il n’y a rien de plus beau qu’un bon vieux câlin, être toujours dans l’amour, dans la communication.

Il y a malgré tout beaucoup d’humour, un peu pince-sans-rire, c’était important?

Disons que la vie l’est, cette espèce de montagne russe. Je ne vais pas dire encore plus au Cameroun car la société est tellement plus dure, mais l’humour est vraiment une soupape constante. Même quand les situations sont dures, on garde une forme de recul, de sourire, on compose. Ce n’est pas comparable à la France, ce n’est pas la même société, mais c’est quand même impressionnant de voir cette force qu’ils ont, cette résilience.

La star de MMA Francis Ngannou est mentionnée plusieurs fois dans le film, un héros local qui "gagne de l’argent en se battant". Est-ce qu’il représente l’ADN du Cameroun?

C’est intéressant comme question, parce que si je prends même un Samuel Eto’o [ancien capitaine de l’équipe de football, ndlr], il est allé chercher ses succès avec détermination. Avec toute humilité, je me reconnais dans cette mentalité. Il faut te battre, les gens ne t’attendent pas. Je ne dirais pas que tu savoures plus les victoires, mais tu savoures mieux ces moments-là. Quand tu fais un film au Cameroun, avec tout ce que ça comporte, ce n’est pas facile. Quand je fais mon film, je ne pense pas à le présenter à Cannes, être à la Quinzaine… En tant que réalisateur, auteur et acteur, c’est magnifique. C’est un petit film, à la base. Je le fais parce que j’ai besoin et j’ai envie de le faire.

En salles le 11 juin.

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