Six nouveaux pensionnaires ont fait une entrée remarquée dans les aquariums du Musée océanographique de Monaco. Recueillis au large des côtes indonésiennes, quelque part entre les îles de Bali et de Madura, des requins à pointes-noires ont rejoint leur domicile méditerranéen il y a trois semaines. Cinq jeunes et une femelle adulte y ont réussi leur acclimatation.
Les petits, placés dans un bassin spécifique, nagent au milieu des espèces coralliennes. La femelle, d’un mètre trente, elle, évolue avec ses congénères, les grands prédateurs.
Grands prédateurs en danger
Aux côtés des requins léopard, requins nourrice ou raies guitare, elle vient renforcer les effectifs de ces spécimens en danger. Sous les yeux émerveillés de milliers de visiteurs quotidiens.
« Les océans se vident de ces requins, a alerté Pierre Gilles, le responsable des aquariums, lors de la présentation, hier, des nouveaux venus. Depuis le début du siècle, 90 à 99 % des grands prédateurs ont disparu en raison du développement de la pêche industrielle ».
Surpêche, accidents, pollution, commerce florissant d’ailerons ou d’huile de foie de requins sont les menaces pesant sur ces populations, maillons essentiels des écosystèmes marins.
« L’action est urgente », a souligné Pierre Gilles, pressant pour une coopération accrue entre professionnels et états, mais aussi pour une initiative citoyenne responsable.
Sensibiliser l’opinion
Au Musée océanographique, le message est clair : si des poissons rares sont achetés à des professionnels pour plaire aux visiteurs, ils sont également un moyen de sensibiliser l’opinion à ces problématiques écologiques. Mieux, ils constituent de précieux sujets d’étude.
Certaines populations, difficilement observables dans leur milieu, révèlent leurs secrets en captivité. 464 espèces de raies et de requins peuplent les mers et les océans de la planète. Plus de 30 espèces de ces poissons cartilagineux – sur une soixantaine répertoriée – seraient directement menacées d’extinction en Méditerranée.
Un triste record !
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