Industrie à Monaco: l’inexorable déclin

Un secteur entier de l’économie monégasque fléchit d’année en année. La crise de l’industrie a été marquée par la fermeture ou les difficultés majeures de sociétés emblématiques. Et demain ?

Joëlle Deviras Publié le 22/10/2012 à 07:19, mis à jour le 22/10/2012 à 08:48
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Le 11 octobre dernier, les salariés de Mécaplast se réunissaient au pied de l'immeuble de leur entreprise pour montrer leur désarroi. Eric Dulière

Un secteur entier de l’économie monégasque fléchit d’année en année. La crise de l’industrie a été marquée par la fermeture ou les difficultés majeures de sociétés emblématiques. Et demain ?

Sofamo-Biotherm : 198 licenciements en 2010. Innoge : 82 licenciements en 2010, 16 en 2011. Theramex : 41 en 2009, 9 en 2010, 3 en 2011 et 11 en 2012. Et aussi Sacome-Conti, Borgwarner, Invensys, Silvatrim... On ne compte hélas plus le nombre d'entreprises de Fontvieille qui ont franchement réduit ou totalement délocalisé leurs activités.« Il y a une partie de l'industrie qui se meurt »,a lancé Laurent Nouvion, leader de l'opposition, lors de sa dernière réunion de quartier sur le Rocher. Rapporteur sur le projet de loi de Budget, Alexandre Bordero, conseiller national UDM, soulignait mardi dernier son « inquiétude. La Principauté se trouve à une période charnière et plusieurs questions doivent être posées pour nourrir notre réflexion : quel doit être l'avenir de la filière industrielle en Principauté et quel doit être le rôle de l'État ? »

Socialement, le bilan est lourd. Aujourd'hui, Theramex et Mecaplast font tristement parler d'elles. Près de 200 salariés sont concernés. Et si le ministre d'État se veut rassurant, il ne cache pas la réalité. « Le gouvernement doit s'attacher à accompagner les entreprises industrielles existantes dans leurs mutations, soulignait Michel Roger mardi 16 octobre, au conseil national. (...) L'industrie sera pérenne si elle est créative, s'adapte et trouve un modèle économique qui préserve sa compétitivité. Mais il ne faut pas nous le cacher : l'industrie monégasque subira néanmoins une concurrence croissante de la part de pays qui offrent une organisation du travail plus compétitive, puisque beaucoup moins respectueuse des droits des salariés (...). Cette concurrence est principalement le résultat de l'ouverture du marché européen vers l'est durant les années 1990-2000 (...) ainsi que l'ouverture du marché européen à la concurrence extra-européenne. »

« L'attachement n'existe plus »

Un constat que fait également Rodolf Berlin. Le président du Groupement d'étude des industries de transformation (GEIT) analyse également la situation monégasque à travers l'histoire du développement du pays. « Monaco est devenu industriel après la guerre. Depuis vingt ans, les dirigeants arrivent à l'âge de la retraite. Dans un cas sur deux, leur société est cédée à des grands groupes industriels. L'attachement n'existe plus. Les cessions donnent lieu à des délocalisations. »

Aujourd'hui, Rodolf Berlin note également que le déclin n'a pas débuté avec les années 2000. Ainsi,«La Monégasquequi met les anchois en conserve est délocalisée au Maroc depuis près de 15 ans.Cuttex, qui avait acquis une forte notoriété sur le quai Antoine-Ier, a définitivement quitté Monaco il y a presque vingt ans. »

L'essor des activités non industrielles

Si Rodolf Berlin voit « l'avenir plutôt morose ; l'industrie étant contrainte par ses besoins en m2 »,force est de constater que l'économie poursuit toutefois son développement en se réorientant vers des activités non industrielles.

Ainsi, par exemple, l'immeuble Aigue-marine, aujourd'hui occupé par une grande majorité de sociétés des services, était à l'origine un bâtiment dédié à l'industrie. Idem pour celui qui abritait Sofamo-Biotherm, en face du stade Louis-II, qu'est en train d'aménager le groupe Single Buoy Moorings qui poursuit inlassablement son développement et qui compte aujourd'hui 1 200 salariés dont 900 ingénieurs...

 

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